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Stalker, c’est l’allégorie du doute (voir du désespoir, d’une certaine non foi également) , de la raison, et de la foi. Et cela est parfaitement résumé lors de la dernière scène, où la fille du Stalker use de son pouvoir de télékinésie pour renverser ces verres ; l’un est complètement vide, l’autre l’est à moitié, et le dernier contient quelque chose que j’ai du mal à percevoir. Ces 3 verres symbolisent je pense ces 3 personnages que sont l’écrivain, le professeur et le Stalker. Et c’est le verre vide qui tombe, peut-être celui qui symbolise l’écrivain, le personnage qui a perdu tout espoir en la vie, certainement le plus malheureux des 3 personnages, mais aussi le plus imbu de lui-même.
Stalker est une expérience très forte, très puissante. Esthétiquement déjà, c’est très beau ; que ce soit le début en sépia dans les coins complètement délabrés de la Russie, puis ce passage à la couleur lors de l’arrivée à la Zone, cette couleur symbolisant en quelque sorte le bonheur que le Stalker a à venir ici, symbolisant également un lieu où les rêves peuvent se réaliser, alors que le sépia nous plonge dans un endroit où aucun n’espoir ne transparaît. Les magnifiques scènes de ce film se comptent par dizaines, mais une m’a grandement marqué : celle où les 3 personnages sont sur la draisine les rendant à la zone ; Tarkovski filme leur visage pendant 3 minutes, et je trouve cette scène très forte, on ressent ce que les protagonistes ressentent, je trouve cela remarquable.
Les 3 personnages sont tous intéressants. Le Stalker est peut-être le plus touchant, car il croit en quelque chose, qui fait de Stalker un film à la dimension presque religieuse. Tout ce bonheur qu’il a à venir dans cette zone, à avoir cette possibilité d’essayer de rendre des gens heureux, c’est extrêmement touchant. Et tout ce face à face entre Le Stalker et l’écrivain est très dur, où l’on comprend que l’écrivain n’a la foi en rien, qu’il est totalement désespéré. La scène où il pénètre dans ses dunes de sables avant d’arriver dans la chambre, et où l’écrivain avance malgré l’interdiction du Stalker, risquant sa peau. Toute cette scène est forte, bourrée de symbole, dont je suis certainement passé à côté pour la plupart.
Quant au professeur, c’est la raison.
Le personnage le plus touchant, c’est évidemment le Stalker, la fin est dure, ce face à face avec l’écrivain lui a presque fait perdre foi en SA zone, celle qui le rendait si heureux, son unique raison de vivre (avant même sa fille) c’est très dur. D’ailleurs le Stalker dit une phrase très touchante lors de leur périple, quand l’écrivain lui dit que la zone laisse passer les gentils, et tue les méchants. Il lui répond « Non, la Zone ne laisse passer ni les gentils, ni les méchants. Simplement les malheureux ». C’est pas la phrase la plus poétique du film, mais elle résume bien la Zone, cet endroit qui est presque un personnage à part entière, tant l’ambiance que Tarkovski a réussi à créer est si singulière, si belle.
La musique est également très belle, donnant au film un côté mystique que j’ai également adoré. Puis cette fameuse scène où, derrière un poème de toute beauté, défile de vieux débris situés au fond d’une rivière délabrée, sale… Une scène très profonde et marquante également.
Mais le personnage dans lequel je me suis peut-être le plus retrouvé est certainement celui de l’écrivain.
La fin du film n’est pas si pessimiste que ça, elle est même plutôt optimiste je trouve ; comme si ce pouvoir de télékinésie était une réponse de la zone, une réponse quant aux doutes du Stalker après ce périple à mériter d’être Stalker. Cette fin est très puissante. Stalker est à mon sens l’aboutissement du 7e art, un film dont je n’ai évidemment pas compris toutes les symboliques qu’il y a, car il y en a des tonnes. Mais il s’agit certainement d’un film qui m’a touché au plus profond de moi-même, un film d’une beauté troublante et fascinante. Un film beau, profond, riche, et aux dialogues somptueux. Remarquable.

Reymisteriod2
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le 4 mars 2016

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