Les films qui font monter la température du corps humain, il y en a quelques uns. De Prometheus pour certains à Twilight 4 2ème parties pour d’autres, en passant par Last Caress, le cinéma est bien connu pour faire bouillir les personnes en fonction de l’attente. Mais qu’en est-il des films qui font brûler des personnes ? Spontaneous combustion, réalisé par Tobe Hooper, s’attèle à la tâche en étant conscient de détenir un matériau original, à même d’en faire une très correcte série B. Le verdict : ni chaud ni froid.


Le phénomène physique avait attiré mon attention pendant mon enfance : des cas de personnes retrouvées intégralement ou partiellement brûlées, sans pour autant avoir détruit le mobilier qui les entourait. Scientifiquement, le phénomène s’explique par le décès de la personne, qui manipulait une sorte de chaleur (bougie, cigarette…). Les flammes commencent d’abord par brûler les habits, ce qui fait fondre les réserves de graisses présentes sous la peau du corps, et vont peu à peu le transformer en torche brûlant à 600°C, soit bien en dessous des températures de feux habituels (ce qui explique le peu de dégât). Voilà pour la parenthèse. Mais John Dykstra, le scénariste, semble avoir d’autres hypothèses, et veut nous les faire partager. L’introduction est un vrai petit bijou, un excellent début de série B qui se fend d’une reconstitution d’époque respectueuse, et qui retrouve parfaitement l’ambiance des années 50 et le bouillonnement d’excitation concernant le nucléaire, et ici sur les moyens de survivre à la Bombe. A ce titre, la scène de crémation instantanée sera un véritable traumatisme, arrivant complètement à l’improviste et procurant l’effet choc attendu. Mais c’est la suite du scénario qui peine à convaincre.


En effet, on s’attache maintenant au sort du fils de ce couple, qui après quarante ans, apprend qu’une centrale nucléaire va être mise en route à proximité de son lieu de vie. Jusqu’ici pas de quoi fouetter un chat, mais peu à peu, David (c’est son nom) se sent de plus en plus mal à l’aise, et constate qu’il a tendance à prendre feu de façon inopinée. Ainsi, à l’approche de la mise en marche de la centrale, son état s’aggrave sans qu’il comprenne pourquoi, ses brûlures ayant sérieusement tendance à empirer, et les gens sur qui il s’énerve ayant tendance elles aussi à s’enflammer (ce qui nous vaudra quelques effets spéciaux sympathiques mais imparfaits). Dit comme ça, on croirait avoir affaire à une série B potable, mais le rythme a sérieusement du mal à nous maintenir éveillé jusqu’à la fin du film, tant ce dernier manque de pêche. La faute à une réalisation un peu bavarde (même si Tobe Hooper sait filmer) et à un script qui perd de plus en plus de vue ses objectifs, nous orientant d’abord vers une crainte du nucléaire avant de passer sur la peur de la blouse blanche (un certain lot de médecins peu rassurants) et sur les conséquences de l’usage d’une drogue anti-radiations qui arrive en plein milieu de film (le produit ressemble à s’y méprendre au fluide de Re-animator). Et notre personnage principal se retrouve ainsi en pleine crise de combustion spontanée à retardement, brûlant à petit feu et capable de canaliser sa colère pour enflammer ceux qui lui font face (les flics qui meurent assez stupidement). Bref, on s’emmêle un peu les pinceaux, au final on oublie de dénoncer quelque chose comme ce qui était annoncé au départ et on conclut assez maladroitement le tout, histoire de boucler le film avec une fin torchée à la va-vite. C’est bien dommage, car les promesses de départ étaient d’un tout autre niveau. Tobe Hooper est sur la pente descendante et ça se sent, à l’image de ce film qui commençait brillamment avant de finir en flop total. Un beau gâchis.

Voracinéphile
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le 15 déc. 2015

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