Je ne jouerais pas le jeu de Disney en vous cachant la présence de Tobey Maguire et d'Andrew Garfield dans le film. Même si vous vous en doutiez déjà, le simple fait que l'info ne soit pas confirmée par la promotion génère une incertitude qui ne pourra être levée qu'en les voyant de vos propres yeux sur grand écran. Dès lors, il suffit aux deux compères de faire acte de présence après 2h15 de film pour recevoir une standing ovation d'un public qui n'attendait littéralement que ça. Pourtant, tout ce beau monde aurait dû légitimement attendre de voir comment serait intégrer ces Spideys à l'histoire et ce qu'ils allaient y accomplir, mais Disney a réussit à déplacer nos attentes vers quelque chose de beaucoup plus facile à contenter. Ils sont parvenus à rendre exceptionnel ce qui devrait être le minimum syndical dans un film live Spider-Man autour du multivers. Prouvant par la même que la réception d'un long-métrage dépend surtout de la manière dont il sera vendu. A ce moment là, auriez vous été plus indulgent avec le Venom de Raimi si Sony vous avez caché sa présence dans Spider-Man 3 ?


Parce que sans déconner, vous êtes vraiment contents qu'on ait fait revenir les héros de notre jeunesse pour qu'ils apparaissent 15 minutes grand maximum, le temps d'adresser leurs condoléances à Parker Junior, jouer au Dr Raoult en pondant un vaccin anti-méchants de leur cul, sortir deux trois vannes métas attendues pour démystifier leurs mythologies respectives et participer à la grosse bataille finale proprement illisible ?


Vous n'auriez pas préférer les voir intervenir dès le début du deuxième acte ? Que l'on prenne le temps de les réintroduire, de voir en quoi ils auraient pu changer depuis la dernière fois que nous les avions vu, les laisser développer une véritable relation avec le Spider-Man principal, les faire évoluer au cours du récit, bref.... Les traiter comme de vrais personnages de fiction et non comme des figurines inamovibles, ressortant leurs répliques cultes dès que l'on tire sur leur ficelle ! Et il en va de même pour les 5 antagonistes qui, bien qu'ayant un rôle plus important au sein de l'intrigue, subissent le même traitement superficiel, réduisant leurs personnalités à quelques gimmicks caractéristiques et dont les actions ne sont justifiées que par la volonté des scénaristes à amener l'histoire là où ils le souhaitent.


Alors certes, le scénario a pour lui quelques bonnes idées comme le fait de confronter Peter aux conséquences juridiques de ses actes, de le faire soigner le mal qui ronge ses ennemis afin de leur éviter une mort certaine, ou de lui faire apprendre qu'une grande responsabilité implique également de lourds sacrifices. Des thématiques passionnantes mais bien vites expédiées, ne servant jamais la dramaturgie du récit et faisant plus office de prétexte pour réunir le plus de gros méchants possibles et faire traîner le tout jusqu'à qu'ils puissent affronter les trois Spideys en fin de métrage. Avec au milieu quelques scènes d'action bateaux, histoire de remplir le cahier des charges et surtout, beaucoup de vannes parodiques dignes d'un mauvais sketch du SNL ou des meilleurs moments d'On n'demande qu'à en rire. C'est ça l'enjeu narratif du projet. Pas de raconter une histoire et encore moins de faire du cinéma.


Pas assez délirant pour être une comédie ouvertement parodique à la Dead Pool, le film ne se prend toutefois pas suffisamment au sérieux pour devenir le blockbuster de super-héros épique qu'il aspire à être. Les antagonistes ne sont pas menaçants. Les enjeux sont traités par dessus la jambe. On ne ressent aucun suspens, aucune tension, aucune émotion. A tel point que la mort de Tante May, seul moment dramatique assumé comme tel, tombe complètement à plat. La faute à une mise en scène purement fonctionnelle de John Watts, ne conférant aucune ampleur aux évènements qui se déroule devant nos yeux. A la rigueur, sur les 2h20, je sauverais peut-être l'affrontement entre Spider-Man et Doctor Strange dont les pouvoirs sans limites offrent un chouia plus d'expérimentation visuelle, même si l'absence totale d'enjeux dans cette séquence et sa grotesque résolution la rendent au final inconséquente.


Et pour les plus gros ienclis qui encenseront malgré tout le film grâce à sa soit-disant originalité, gardez bien à l'esprit que cet étron n'a fait que pomper sans vergogne l'excellent Spider-Man : New Generation, en reprenant superficiellement son concept sans autre plus-value que de jouer sur la fibre nostalgique du millenial.
Dommage, car contrairement aux Spideys de son modèle, les héros de No Way Home nous les connaissions déjà et leur aura naturel aurait apporter largement plus de poids aux thématiques allant de paire avec ce type de récits.
Hélas, Disney a une nouvelle fois choisit la facilité. Accouchant d'un blockbuster inconsistant et sans saveur. A des années lumières de la réussite formelle et thématique du Spider-Man de 2018.


Aussi, j'aimerais m'adresser à tous les grands nostalgiques comme moi qui ont depuis longtemps lâcher le MCU mais espèrent peut-être retrouver dans ce film les sensations qu'ils ont pu ressentir en découvrant les premiers Spider-Man durant leur enfance.
Sachez que c'est peine perdue, vous ne retrouverez jamais l'âme de ses films dans une seule de ces marveleries, même si ils en déterrent tous les personnages ou réembauchent le réalisateur d'origine. Alors passez votre chemin, attendez le prochain film d'animation Sony si vous voulez du Spiderverse, mais n'accordez plus de crédit à un studio en perte de vitesse, obligé d'émuler un cinéma qu'il ne pourra jamais atteindre pour continuer à survivre.


5 ans que j'étais pas allé voir un film du MCU. Cette épouvantable erreur m'aura au moins fait l'effet d'une piqûre de rappel. Pas moyen que j'y retourne.

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le 23 déc. 2021

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Alfred Tordu

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