Attention, je spoile sans vergogne


Le grand (chut Panther) fan du MCU que je suis était évidemment extrêmement impatient pour ce troisième opus des aventures du nouveau Spider-Man qui faisait suite aux excellents Homecoming et Far From Home. Ces derniers avaient contribué à faire de Peter Parker l'un de mes personnages préférés de l'univers et la perspective de le voir aux côtés de Stephen Strange, qui figure également parmi lesdits personnages préférés, ne pouvait que renforcer cette impatience. De plus, il est rapidement apparu que ce blockbuster ne serait pas un film comme les autres. Il allait en effet marquer les grands débuts au cinéma du fameux Multivers… Le retour confirmé de la majorité des antagonistes des cinq premiers films Spider-Man, originellement indépendants du MCU, et de leurs interprètes le prouvait et des rumeurs de plus en plus persistantes faisaient même état de la présence des deux autres Peter Parker, incarnés par Tobey Maguire et Andrew Garfield. Le Multivers est un concept qui m'a toujours rendu assez inquiet au vu de toutes les conséquences qu'il pourrait entraîner, je craignais - et crains toujours un peu - qu'il s'avère être un bazar sans nom. Je ne suis en plus pas un adorateur des films de Sam Raimi et Marc Webb que j'ai découverts très tardivement en août dernier et que j'ai certes vraiment bien aimés mais qui ne m'ont pas réellement marqué. Ces annonces n'avaient donc pas de quoi me faire sauter au plafond - même si la série What If... ? avait augmenté mon intérêt pour le Multivers - mais les promesses d'un film ambitieux dont les événements seraient décisifs pour l'avenir du MCU suffisaient à en faire, à l'instar de nombreuses personnes, l'un des films que j'aurai le plus attendu de ma vie.


Le grand jour est donc enfin arrivé ce mercredi 15 décembre... Ma hype, qui était comme je l'ai dit déjà très élevée, s’est retrouvée exacerbée dans la dernière ligne droite lorsque j'ai eu à précisément 17h06 le retour absolument dithyrambique de BestPanther. Qu'un inconditionnel de Marvel et de Spider-Man vénère ce film n'était pas étonnant mais qu'il pleure carrément pour la première fois devant un film me laissait penser que les 158 minutes pouvaient être tout bonnement exceptionnelles.


Quelques heures plus tard, un constat s'imposait : j'étais déçu ou plutôt frustré malgré ma note effectivement très bonne mais inférieure à celle des deux premiers opus - même si je suis devenu plus sévère sur la notation et pourrais baisser celle de Homecoming au revisionnage - alors que je pensais vraiment mettre ce 9. Cependant, j'étais frustré non pas de ce que le film était mais de ne pas avoir su l'aimer à ce que j'estime être sa juste valeur et cette impression était confirmée par un deuxième visionnage quinze jours plus tard. Éclaircissons donc cela et reprenons tout d'abord au début.


Le film commence comme Far From Home avait fini avec sa scène post-générique : le monde entier apprend que Spider-Man et un jeune lycéen new-yorkais ne font qu'un. Pour ne rien arranger, Peter est accusé du meurtre de Mysterio et fait face à la fois aux autorités et à la vindicte populaire. Je dois dire que j'ai trouvé cette partie un peu bizarre. C'est très bien de nous montrer les conséquences que le rôle de super-héros a sur la vie de Peter, devenu en un instant l'une des personnes les plus connues sur Terre, mais l'ambiance très comédie et teen movie ne correspond pour moi pas à la situation et cette introduction paraît bâclée tant les charges pesant sur lui sont abandonnées rapidement et sans explications précises. Je pense rejoindre Panther quand il dit que cette partie ou tout du moins la sous-partie avec la police semble avoir eu pour unique but de faire apparaître Matt Murdock alias Daredevil. J'avais eu Echo de rumeurs quant à sa présence mais n'y pensais plus et ne m'y attendais pas du tout sur le coup. Ce fut donc une bonne surprise, je ne suis pas le plus grand admirateur de ce très bon avocat mais sa série est fort sympathique.


Cette partie sert toutefois bien sûr à introduire l'histoire. C'est en effet de ce Spideygate que découle le rejet des candidatures de Peter, MJ et Ned au MIT. Prêt à tout pour que son meilleur ami et sa dulcinée ne subissent pas les conséquences de ses activités, notre héros s'en va demander à son collègue Avenger Docteur Strange de faire en sort que le monde oublie son identité. Si je peux comprendre cette volonté de sa part de tout faire revenir à la normale, je suis en revanche très étonné pour ne pas dire estomaqué que le désormais ancien Sorcier Suprême accepte de jouer ainsi avec le Temps. Il m'a vraiment déçu et je trouve un peu ridicule que tout le film repose sur cette décision très contestable.


Tout ne se passe pas comme prévu et voilà Docteur Octopus, le Bouffon Vert, Electro, l'Homme-sable et le Lézard qui débarquent dans notre univers. Les deux derniers sont malheureusement très sous-exploités, c'est notamment dommage pour le Lézard que j'avais bien aimé en action dans The Amazing Spider-Man. Je n'ai pas grand-chose à dire sur Octopus mais Electro est lui beaucoup plus charismatique qu'avant. C'est cependant le Bouffon Vert qui s'avère être le grand méchant du film. S'il ne m'avait pas marqué chez Raimi, Willem Dafoe rend ici le personnage de Norman Osborn très inquiétant. Il joue aussi à la perfection le déboussolé lorsqu'il rencontre May et Peter.


Alors que Docteur Strange, retrouvant un semblant de raison, veut renvoyer les intrus dans leur univers, Peter refuse de les condamner à une mort certaine et souhaite les guérir de leur folie et de leurs pouvoirs pour leur offrir une vie normale à leur retour. Ce raisonnement me paraît assez capillotracté mais soyons magnanimes et tenons-le pour cohérent. On retrouve donc les valeurs morales de notre héros même si j'ai tendance à les assimiler ici à une forme d'inconscience et de naïveté en partie due à son jeune âge. Il est en effet très noble de sa part de tout tenter pour sauver des vies humaines mais la situation requérait sans doute davantage de pragmatisme : l'altération du Multivers semblait à éviter à tout prix et il aurait été plus sage de suivre les conseils de Strange. Toujours est-il que c'est notre araignée préférée qui remporte le duel l'opposant au magicien dans la jolie dimension miroir (nous privant ainsi dudit magicien pendant la majeure partie du film, j’espérais le voir plus longtemps) et va donc essayer de transformer les méchants en gentils.


Tout ne se passe une nouvelle fois pas comme prévu et le film commence à rentrer dans une autre dimension avec la mort de Tante May, tuée par le Bouffon Vert. Je l’aimais bien (oui en grande partie pour son physique, inutile de se mentir) et la scène en question est très belle. Après Tony Stark, Peter perd sa deuxième figure tutélaire et développe une forte haine envers le meurtrier de sa tante.


C'est là qu'arrive le moment tant attendu… Enfin, pour notre plus grand bonheur, après des années d'espoir et d'impatience, ce dont on rêvait se produit : Ned Leeds ouvre des portails magiques. Je plaisante évidemment, je n'ai pas du tout aimé ce pouvoir qui sort de nulle part. Plus sérieusement, ces portails nous offrent donc les Spider-Man d'Andrew Garfield et Tobey Maguire. Je comprends les cris de joie et d'excitation dans la salle, moins ceux d'étonnement : outre le fait que leur présence était relativement attendue, j'avais pour ma part deviné que ce n'était pas Tom Holland que nous voyions quand Ned a dit que ce ne pouvait être que lui et, surtout, on entend bien que la voix n'est pas la sienne. Je pense qu'il aurait été mieux de ne pas entendre Garfield parler avant de le voir retirer son masque même s’il est vrai que cela aurait sans doute été moins crédible. Je vois encore plus difficilement comment on peut être surpris de voir Maguire juste après... Mais c’est un plaisir d'entendre ces réactions, je n'avais eu droit à une telle frénésie que pour Endgame.


Je l'ai dit, je le redis : je ne suis pas un grand fan de ces deux Spider-Man, disons qu'ils ne me font ni chaud ni froid. Et pourtant… Force est de constater que c’est très sympathique de voir échanger et interagir de la sorte ces trois jeunes hommes qui se découvrent tellement de choses en commun, qui se rendent compte qu'ils ne sont pas les seuls à avoir cette particularité et qui parlent de leurs expériences personnelles liées à ce pouvoir.


Je vais même aller beaucoup plus loin. Je considère le plan dans lequel on voit les trois Spider-Man courir, sauter puis atterrir ensemble comme un très grand moment de cinéma, c'est vraiment épique. Ce trio c'est Athos, Porthos et Aramis chez Dumas, c'est Melchior, Gaspard et Balthazar sur la route de Bethléem, c'est Luke, Han et Leia face à l'Empire, c'est van Basten, Gullit et Rijkaard au Milan, c'est Bagheera, Donatien92600 et Numéro 8 sur AlloCiné, bref c'est un trio légendaire et c’est en ce qui me concerne la principale qualité du film.


Son autre grande qualité est son ambiance, par moments tout du moins. On n'est évidemment pas devant The Dark Knight et le ton est souvent léger mais pas tout le long du film : la scène de la mort de May et celle où son neveu brisé et rempli de rage, le visage rongé par la haine comme l'enfant de Tatooine, s'apprête à occire le Bouffon Vert sont très sombres et c'est assez rare dans le MCU pour être signalé. Cette deuxième scène aurait pu l'être encore plus si l'un des deux anciens Spider-Man ou même les deux avait été tué. Cela aurait néanmoins probablement été perçu comme une immense trahison par nombre de fans et comme une volonté d'éliminer ce qui est sorti avant le MCU. Je comprends par conséquent que cela n'ait pas été fait mais je regrette dans ce cas que l'on nous fasse penser que le Spidey de Tobey Maguire allait mourir, d'autant plus que l'on ne lui voit pas du tout de blessure par la suite.


Parlons désormais du final. Disons-le clairement : ce procédé de faire oublier des éléments d'une telle importance aux personnages est sans aucun doute celui que je déteste le plus dans la fiction. J'ai surtout en tête trois bandes dessinées, que je ne citerai pas pour ne pas spoiler, dans lesquelles il est employé et mon aversion se ressent dans les notes que je leur ai attribuées, bien éloignées de mes standards pour les différentes séries dont elles font partie. On peut au moins reconnaître que le héros lui-même n'est ici pas concerné, ce qui est le plus important, et que le reste de la planète n’oublie que son identité et pas les événements du film mais je regrette quand même ce choix. J'ai notamment du mal à réaliser que les Avengers ne savent plus qui est Spider-Man… Ceci étant… Qu'est-ce que c'est bien fait… Le passage le plus émouvant du film n'est à mes yeux ni la mort de May, ni l'arrivée des deux Spider-Man, ni le sauvetage de MJ par le Spidey de Garfield : c'est bien ce final déchirant et particulièrement ce baiser magnifique sous le soleil couchant (ce qui m'a beaucoup fait penser au clip de Éclipse de Lujipeka et cela ne peut être qu'une bonne chose) qui s'impose d'emblée comme l'un de mes préférés si ce n'est mon préféré du cinéma. Le couple est d'ailleurs peut-être aussi celui que j'aime le plus ou n’est en tout cas pas loin de l’être. Il faut désormais voir comment cette disparition de Peter Parker de la vie du monde entier sera gérée…


Je n'ai pas été aussi réceptif à l'humour que la salle mais je le trouve globalement réussi voire très réussi. Je n'ai pas beaucoup ri mais il y a plusieurs moments assez drôles et je n'ai quasiment jamais eu l'impression qu'il était de trop, certaines phrases et scènes auraient pu être évitées mais elles ne sont pas très embêtantes. Il ne vient qui plus est pas entacher les scènes très sérieuses. C'est d'autant plus appréciable que j'ai un gros problème avec l'humour des trois premiers long-métrages de 2021, constat que je peux également étendre à la série Hawkeye. Je ne sais pas si la qualité décline ou si je deviens plus exigeant mais je suis en tout cas bien content de retrouver un humour que j'aime chez Marvel.


On termine logiquement cette critique avec les scènes post-générique. La première ne m'a pas spécialement plu sur le coup mais je n'avais pas compris sa signification : Venom arrive dans notre univers… mais sans Tom Hardy. C'est a priori une bonne nouvelle, j'aime bien les deux films et l'acteur mais ce duo entre Eddie Brock et le symbiote semblait difficilement pouvoir faire office de grand adversaire de Spider-Man. Quant à la deuxième… Cette véritable bande-annonce de Doctor Strange in the Multiverse of Madness est particulièrement splendide et alléchante.


Tout n'est donc bien sûr pas parfait mais mon grand regret vis-à-vis de ce film n'est pas un défaut que je lui trouve : c'est de ne pas avoir su aimer davantage les cinq premiers films, de ne pas adorer leurs méchants et leurs deux Peter Parker. Je n'ai au moins pas le sentiment frustrant d'être passé à côté, c'est juste que je ne faisais pas entièrement partie du public visé. Il va cependant sans dire que j'ai passé un très bon moment comme cette critique le montre plus que je ne le craignais. Là où certains diront que ce No Way Home est un plaisir coupable, je dis qu'il est au contraire presque un grand film que j'aurais dû aimer encore plus.


J’ai maintenant hâte de voir la nouvelle trilogie portée par Tom Holland, qui est comme vous l’avez je pense compris de loin mon interprète préféré de l’Homme-araignée. En attendant, tous mes regards sont désormais portés sur Doctor Strange 2 qui paraît si ambitieux et important : vivement mai (pour d'autres raisons aussi d'ailleurs), si tout va bien…

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le 3 janv. 2022

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Donatien92600

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