Spartacus & Cassandra par Étienne_B

Spartacus et Cassandra… rien que leurs prénom sonnent comme le titre d'un film d'Honoré. C'est n'est pas un docu sur les roms «en général». C'est un film sur des gens hors du commun (au sens propre du terme).

Pourtant une chose est tout de suite posée : ils ne sont pas paumés. Camille, la circassienne qui les accueille a bien les pied sur terre. Du haut de ses 21 ans elle a foutu dehors le père alcoolique, elle arrive à cadrer Spartacus (des devoirs au coucher) avec pédagogie. Spartacus a sauté une classe, vole des auto-radios à l'âge où la plupart des enfants pleurnichent dans les jupes de leur maman et son rap de fin nous rappelle que non seulement il manie bien le Français, mais en plus il comprend le monde qui l'entoure. Et Cassandra ? elle arrive à passer des moments avec sa maman tout en l'engueulant pour qu'elle ne les empêche pas de vivre, qu'elle ne les mettent pas en prison, elle arrive à profiter de son anniversaire au milieu de tout ça.

Tout ça est une histoire, irréelle voudrait-on croire (et pourtant…). Du coup, le docu devient presque romanesque et là Nuguet est vraiment très bon : on aurait vite fait de transformer ce document en histoire à faire pleurer les chaumières, en grand spectacle ou au contraire à en retirer l'essence par un excès de neutralité, de document scientifique. Nuguet saisi ça principalement par le montage, où le temps file de façon très irrégulière. Parfois un plan fugace, de tendresse, de dureté, d'autres fois de long plan où la caméra refuse de tourner le regard malgré la dureté de la scène.

On a pas vraiment envie de conclure en grande généralités sur un film comme ça, pas de «la société l'empêche de s'exprimer», «c'est la faute de son père alcoolique/du juge/de l'aide sociale», «mais où va la solidarité dans ce monde ma bonne dame ?». Non, ce n'est pas le propos. C'est plutôt le genre de film qu'on peut sortir en contre-exemple à toute théorie de ce genre. Et c'est surtout le genre de film qui ne peut que vous retourner.

Encore, et encore, une très belle surprise venant du documentaire.