La culture est un sujet difficile. Il y aura ceux qui diront qu'un immigrant doit s'adapter au pays et ceux qui disent que le pays doit adapter ses lois par rapport à la nouvelle population. Un sujet à polémique. James L. Brooks s'attaque à cela par le biais de la famille et un peu aussi par le biais d'une petite idylle. Brooks n'amène pas de solution évidente par rapport au problème d'adoption, mais souligne des points intéressants et se contente de faire évoluer ses personnages. On sent bien que sa position est située entre les deux extrêmes situés plus haut, mais qu'il n'y a pas de prescription toute faite à donner, chaque situation étant différente (comme chaque pays).

Ce qui m'a étonné dans ce film, c'est qu'il n'y a pas un objectif clair qui soit présenté. On suit une famille et puis c'est tout. Et pourtant on reste sotché à cette histoire. Et ça, c'est parce qu'il y a un fil conducteur sous jacent. Cette famille déjà qui disfonctionne malgré les apparences, et puis cette histoire d'intégration d'une famille mexicaine fraîchement débarquée. Brooks ne quitte jamais ces thématiques, et donne ainsi un sens à cet ensemble de scènes. le fil conducteur est établi par les thématiques. Ca n'empêche ni les conflits internet ni les conflits externes. Et ça il y en a beaucoup. Ne fut ce que la rencontre entre les deux familles, entre les deux femmes, est construite sur la barrière de la langue, un beau conflit en soi.

Avec un tel sujet il y avait la crainte de tomber dans le misérabilisme habituel ou au contraire la naïveté américaine de croire que tout s'arrange pour le mieux en terre américaine à condition d'accepter son mode de vie. Brooks est intelligente et n'estime aps son pays comme étant le meilleur au monde. Il arrive donc à du sujet avec légèreté mais sans perdre pour autant un regard lucide. Ainsi, on rit, parfois c'est très cinématographique (le rendez vous dans le restau par exemple), mais on reste les pieds sur terre, et sous les apparences d'une comédie simplette se cache un véritable drame.

J'ai donc beaucoup apprécié le travail du scénario qui met surtout en valeur les personnages et leur évolution. Chacun a droit à sa petite scène. On ne peut tout de même faire sans ressentir des longueurs au film Faut dire qu'il fait 2h. Et que vraiment un objectif principal clair aide à tenir les spectateurs en éveil. Malgré cela, et je sais que c'est vraiment étrange de dire cela, j'ai trouvé le film trop court. En fait j'aurais aimé plus d'intéractions entre des personnages secondaires. Le fils, par exemple, est quasiment coupé du film après 20 minutes. Est-ce un choix de montage ou de tournage suite à la durée du film, ou bien Brooks a t il juste laissé tomber un personnage pour mieux s'occuper des autres. Bernice aussi prend moins d'importance au fil du film et c'est regrettable. Il y a tellement de choses qui auraient pu être racontées en plus.

Ce que j'aime chez Brooks, quand il filme, c'est qu'il le fait comme dans les bons vieux classiques. Il filme les choses sans détour. Ses moments romantiques sont par exemple très poétique, car il va filmer des petites choses un peu niaises mais belles. Vraiment la scène du restau à la fin est une des plus belle du film. Cette scène ne comporte aucun effet de style lié à une mode actuelle, c'est filmé simplement, sans en foutre plein les yeux, mais juste en réfléchissant à la meilleure façon de cadrer l'histoire. C'est sobre, mais ultra efficace grâce à un vrai travail de réflexion. J'ai aussi apprécié le travail de Zimmer, qui s'est montré ultra discret dans ses compositions, chose assez rare je trouve.

Pour terminer, je dirai que ce film s'adresse principalement à ceux qui aiment le cinéma d'Appatow (Knocked up) ou tout simplement les autres films de Brooks (How do you know). Malgré ce que l'on pourrait penser, l'histoire d'amour n'est finalement que secondaire et l'humour pas très exubéré.

Bref, un très bon film qui aurait pu être plus long malgré ses longueurs.
Fatpooper
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le 7 oct. 2012

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Fatpooper

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