Sous-Sols
6.4
Sous-Sols

Documentaire de Ulrich Seidl (2014)

Très décevant, ce film.


Bon, je n'avais pas lu le résumé, du coup, au vu de l'affiche, je pensais que c'était orienté SM. Soit... faut dire que l'auteur mise sur cette affiche et que je suis la preuve vivante que c'est racoleur. Mais je pense être capable d'assez d'ouverture pour ne pas juste râler là-dessus. Et en effet, c'est pas inintéressant de s'intéresser à ce que les gens font dans leurs caves. Mais encore faut-il s'y intéresser.


Et c'est un peu ça qui m'a gêné dans ce documentaire : le réalisateur est plus occupé à mettre en scène ses intervenants, à tenter de faire des blagues absurdes qu'à réellement creuser son sujet. Les obsessions, au final, on ne les aborde jamais vraiment. D'ailleurs, j'en reviens au sexe, mais ce sont les segments les plus intéressants parce que les intervenants expliquent leur passion. Bon, ce n'est que très peu creusé, mais c'est déjà un peu plus nourri. Le meilleur du meilleur, c'est cette femme qui explique qu'elle a été mariée à un homme violent, qu'elle travaille à l'église, qu'elle aide des femmes battues et qui dit même que ces femmes qui sont battues, il faut les sortir de là... le tout en tenue de bondage entre deux séances de fessées ! C'est génial, parce que sans rien dire, l'auteur dresse un portrait absurde mais montre aussi qu'il y a une différence entre violence consentie et violence non consentie. Dommage, de ne pas être resté sur cette femme pour approfondir la question ou au moins le portrait.


L'humour fonctionne plus ou moins. Disons que le problème, c'est que c'est répétitif. Cette femme avec son faux bébé, c'est dingue la première fois, mais la deuxième, puis troisième fois ça ne fait plus trop d'effets. De même que voir la double vie que ces gens mènent dans leur sous-sol, c'est un peu comique au début, mais le concept est bien trop répétitif et l'auteur ne prend jamais la peine de creuser ces univers, comme si, au fond, il n'en avait lui-même rien à faire. Je trouve aussi que ça part un peu dans tous les sens, d'ailleurs je me suis longuement demandé où l'auteur voulait en venir.


La mise en scène est donc assez bien léchée, il faut le reconnaître. mais je ne suis pas sûr que ce soit au service de l'histoire dans le cadre d'un documentaire. Il manque quelque chose de l'ordre de la spontanéité comme on peut le voir dans la série de docu "Strip tease" : c'est en effet le même type de portrait silencieux, sauf que l'auteur n'est pas piégé par une mise en scène trop technique et que les intervenants ont bien plus de place pour s'exprimer (et ce naturellement). Et puis ça reste très basique : le concept visuel est établi en trois plans et l'auteur n'ira jamais au-delà. Je dis ça en pensant à Wes Anderson qui revient toujours avec la même mise en scène, sauf qu'il essaie d'aller plus loin, de ne pas juste refaire les mêmes scènes encore et toujours, le contraire de ce qu'il se passe ici, donc.


Bref, "Im Keller" amuse au début, puis lasse, puis surprend un peu lorsque les pratiquants de S&M débarquent, sans jamais aller assez loin malheureusement. Petit bonheur, la prostituée BBW de l'affiche m'a bien plu.

Fatpooper
5
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le 25 févr. 2016

Critique lue 478 fois

4 j'aime

Fatpooper

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