Le film démarre sur la mort d'un chef de très grande famille de grands bourgeois (industrie- finance -etc …) vers 1965. Et comme dans toute grande famille qui se respecte, au moment de la succession, on s'engueule et on se souvient soudain du fils, ancien collabo, condamné à mort par contumace à la Libération, réfugié dans l'enfer d'une république bananière africaine. Et c'est le chef de famille (Louis Seigner) qui, dans son dernier souffle, donne l'ordre à sa fille de retrouver et ramener son frère au bercail.

L'idée de base est donc plutôt intéressante (même si le spectateur ne sait pas pourquoi il faut ramener le fameux frère).

Là où ça se gâte un peu, c'est que le frère en question (Daniel Gélin) a une bonne quarantaine d'années en 1965 et n'a pratiquement pas connu sa sœur (Michelle Mercier) qui, tous calculs faits, a une vingtaine d'années. Là où ça se gâte franchement c'est que ladite Michelle Mercier dont la plastique et le style évoque plutôt la bonne petite bourgeoise qui a reçu l'éducation qu'il fallait chez les bonnes sœurs et qui se préoccupe plutôt des parties de tennis et de jouer les potiches dans son foyer. Alors partir, seule, sur un coup de tête, un beau matin, pour retrouver un frère qu'elle n'a pas connu et qui vit avec d'autres résidus de l'humanité qui n'ont plus grand-chose à perdre (collabos, traitres, salopards en tous genre) me semble hautement improbable.

Dans la vraie vie, c'est-à-dire dans un véritable enfer, elle aurait dû se faire manger toute crue ou a minima avoir de très sérieux problèmes. D'autant plus que le frère est tombé dans une bonne ivrognerie passive, vivant avec une fille réfugiée là suite à un parricide, au milieu de gens patibulaires mais presque …

Si je rajoute en plus que notre angélique Michelle Mercier se fait aguicheuse auprès de tous ces immondes salopards, histoire de motiver le frère (Daniel Gélin) à se remuer pour quitter le paradis tropical, sans réussir à se faire violer sur le tas, à la chaine par tous ces sympathiques protagonistes, alors là je dis non ! Et puis fortiche, la nana ! Même son brushing ne bouge pas d'un poil, juste quelques gouttes de sueur car il fait chaud ! Et comme elle a oublié d'enlever son foulard Hermès …

Une scène (presque) risible : deux allemands (très) vindicatifs (anciens nazis) forcent la porte de la chambre de notre ingénue pour se retrouver devant un révolver fermement tenu par elle ; elle crie un "raus" un peu faiblard mais suffisant pour faire fuir les deux méchants … Oui, oui, les hommes c'est plus ce que c'était …

L'exploit, quoi ! Bien entendu, Denys de la Patellière nous abreuve de danses et de poses sensuelles de Michelle Mercier, histoire qu'on se rince un peu l'œil et qu'on ne se rende pas trop compte de l'incongruité du scénario (établi par Pascal Jardin).

En fait, tout ceci est bien gentillet, les méchants pas si méchants à part donner quelques claques que M. Mercier reçoit avec un grand courage, sans un cri …

Et à la fin, le réalisateur a même oublié l'argument de départ du scénariste (puisque Daniel Gélin finalement décide de rester ; il préfère vivre avec sa payse). Comme c'est ballot !

Par pure charité, je n'insisterai pas sur les autres (nombreuses) incohérences. Au final le scénario est mal fagoté, la réalisation pas à la hauteur de l'enjeu et la sauce ne prend pas. On finit même par s'ennuyer.

Le reste du casting avec un Jean Topart plus gluant que jamais, Maurice Garel dans un numéro de collabo …

Il y a même Patrick Balkany en membre de la famille de départ !! (Je viens de vérifier car j'ai cru à une homonymie).

Je mets 3 mais uniquement parce que Michelle Mercier est quand même bien jolie à regarder…


JeanG55
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le 20 nov. 2022

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