Méfiez vous de la pensée unique très bien lubrifiée...

Jamais je n'exprimerai assez mon admiration pour Ambroise Carminati, faiseur de court métrages systématiquement fort bien écrits.
Si le cadrage se révèle plus amateur pour cet opus, la réalisation et le scénario ne sont en rien plus faiblards; Bien au contraire, Ambroise épingle dès la première séquence son sujet: le politiquement correcte et le racisme ordinaire qui se joue dans la négation de la différence de l'autre (ce qui est une énorme différence avec l'acceptation de la différence de l'autre).

Au cours d'une soirée stipulant que chaque invité doit se ramener avec un détail qui le détachera des autres, Dalton se ramène avec un brassard nazi. Ca peut paraitre de mauvais gout mais l'intention est innocente et force est de constater que niveau choc ça en jette. En effet, une jeune invité qui se trouve être d'origine Juive sera présente également. Ne serait il pas de bon ton que Dalton range son accessoire?

Carmine ne nous envoie pas de message politique douteux, rassurez vous. Il épingle juste le malaise que peuvent ressentir les autres face à la différence. Que ce soit envers Dalton et son refus du politiquement correcte ou Alexandra, donc Juive, à qui on attribue sans même le lui demander une sensibilité outragée par le port du brassard de Dalton.

Au cours de la soirée Dalton pose même la question juste: "Qu'est ce qui vous dérange réellement? C'est mon brassard ou le fait que Alexandra soit Juive?"
La tension montera et les ennuis s'accumuleront jusqu'à l'arrivée tant attendue.

Il est douloureux de devoir reconnaitre qu'en 2009 le rire est devenu communautaire. Inutile de chercher à plaisanter sur l'histoire de l'humanité. Seuls les Noirs sont habilités à faire rire de leur passé sans provoquer de tensions inter-communautés (bonjour "Case Départ"), les Juifs se chargeront eux même d'évoquer le passé de leur communauté (et si l'envie leur en dit, d'en plaisanter) et Djamel Bensalah a le monopole du rire AVEC (et parfois DE) la culture rebeu. (Ne dîtes pas le contraire, quel autre a osé?)

Dans ces temps de communautarisme, ce p'tit court métrage sans prétention est une véritable bouffée d'air et un p'tit encouragement à l'espoir.

Enjoy => le film: https://www.youtube.com/watch?v=6SGCgG2p8xg et son making of: http://vimeo.com/13123824