La séquence d'ouverture de Snake Eyes donne déjà le ton, Brian De Palma veut en mettre plein la vue et met en scène une folle entrée dans un Palais des Sports, filmée en plan séquence, avec une tension croissante et un pouls accélérant.


Le réalisateur des Incorruptibles continue son exploration de différents genres, et propose là un polar nerveux et virevoltant, s'appuyant sur un scénario simple, explorant un meurtre par le biais de différentes versions, revenant régulièrement sur le (faux mais remarquable) plan séquence initial. Ainsi, plus on avance, plus on navigue entre corruption, trucage ou encore complot, avec un scenario d'apparence assez simple sur lequel De Palma propose une mise en scène dynamique et parfois même virtuose tant, visuellement, il se montre inspiré avec des plans mémorables et quelques morceaux de bravoure.


On suit ce flic corrompu, dont l'éthique parait douteuse mais aussi un peu artificiel et bling bling avec son téléphone plaqué or, qui va se démêler pour trouver la vérité et aider son pote qui était chargé de la sécurité à laver son honneur. On découvre dès le début la majorité des personnages, avant de les approfondir au fur et à mesure, avec des révélations plutôt bien amenées et permettant de faire monter la pression jusqu'au bout. D'ailleurs, De Palma ne fait pas de fioriture et va assez vite à l'essentiel, tandis que la construction du récit, d'abord dans un type Rashōmon, est efficace et bien faite, notamment avec l'utilisation des flash-backs.


Il se permet aussi d'interroger sur le rôle de l'image, la télévision, la déformation de la vérité par ces deux aspects et la façon dont l'humain se met en scène, il le fait intelligemment, sans trop en faire et toujours en adéquation avec le récit. Les interactions entre les personnages cachent toujours bien plus que ce que l'on voit, et De Palma nous tient en haleine, avec une atmosphère virant vers l'obsessionnelle, parfois intense et d'autre excessive. Il dirige bien ses comédiens, et utilise avec brio une bande-originale de qualité, allant à merveille avec les nombreuses images qui passent devant nos yeux.


En signant Snake Eyes, Brian De Palma revient au thriller et en propose un dynamique, intriguant par ses questionnements et obsessionnel, jouant avec le temps, le lieu, les images et les humains pour créer une œuvre bien menée et brillamment orchestrée.

Docteur_Jivago

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