Slinger
Slinger

Film de Albert Pyun (2013)

Après le succès de Bloodsport en 1987, Cannon Group offre à Jean-Claude Van Damme le choix entre trois projets en cours: Delta Force 2 (qui verra Chuck Norris reprendre en fin de compte son rôle), American Ninja 3 (David Bradley en sera finalement la "vedette") et ce Slinger (titre original du projet, avant d'être changé en un plus commercialement viable Cyborg, donc),


J'imagine que JCVD a dû se dire : "Pourquoi me commettraI-je dans des séquelles, alors que je pourrais être dans un projet original ?"
Quoiqu'il en fut, notre Belge préféré fit le bon choix (si, je vous assure!).


Le réalisateur/scénariste Albert Pyun - sous le pseudo de Kitty Chalmers -, soit le nom de son chat !-, a donc mixé deux de ses propres projets non-aboutis.


Pyun souhaite alors faire un western-opera muet et en noir et blanc.
Évidemment, Meme et Yoyo (Golan & Globus) ne le voient pas de cet œil (bichrome) et lui disent de revenir sur Terre.
Cyborg sera donc un film "classique", donc en couleurs et dialogués (si si, des mots sont dits !).


Le tournage suit son cours, la copie est rendue et...Pyun est débarqué sans ménagement de son propre film, après une projection-test désastreuse interne à la Cannon.
Son film est trop lent et le score du duo Saad/Riparetti - fort plaisant au demeurant, mais n'arrivant pas à coller avec les actions du film -, est finalement rejeté et remplacé par le score plus punchy de Kevin Bassinson (voir la liste "Score: Rejected") .


On demande donc à JCVD de revoir le montage (exercice déjà brillamment réalisé sur Bloodsport, qui souffrait aussi d'un manque de rythme) et pour ce, on lui donne 2 mois.


Pendant ce temps, Pyun ronge son frein et emballe quantité de films plus mauvais les uns que les autres...


C'est alors que dans les années 2010, celui-ci met la main sur le workprint de son film (sur support VHS) et sur la B.O de Saad/Riparetti.
Une "fuite" rend dispo le dit workprint sur le web, puis Pyun refait un montage composite avec le master Bluray de la version officielle et la sienne en Télécinéma.


Depuis le début, le réal voulait le titre Slinger (malgré mon niveau d'anglais, j'ai dû chercher la signification de ce terme et to sling = 1. lancer (donc Le Lanceur), 2. suspendre (Le Suspendeur?) ou un lance-pierre (Le Lanceur de Pierres ?), bref, rien en rapport avec le film...) et c'est donc sous ce nouveau nom que son "Director's Cut" est édité en Bluray, en 2012.


Après avoir tenté de regarder le workprint, j'ai vite abandonné devant la piètre qualité de l'image.
Je viens juste de finir de voir la fameuse version Slinger en Bluray...


"Qu'est-ce que ça donne", me demandez-vous, tout fébrile ?


Ben...
"Tout ça pour ça ?", aurais-je envie de vous répondre...


Voilà en quelques points, ce que j'en pense:



  • Les débuts et fins de scènes sont rallongées, sans que cela ne change quoi que ce soit. Si, en fait, ça change quelque chose: c'est interminable ! Sans aucun intérêt, ces scènes à rallonge - issues d'un Télécinéma, c'est à dire d'une image non-étalonnée recadrée avec les pieds - font mal aux yeux et nous sortent du film comme c'est pas permis (image Bluray du montage cinéma claire, nette et précise, puis TC, puis BD, puis...). Vous avez saisi où je veux en venir (si non, voyez-le) !


  • Les coupes: eh oui, ce "DC" se permet d'adoucir le film.
    Ainsi, la scène où Fender massacre le couple propriétaire du bateau et celle où le village est incendié: à la trappe !
    Le flash-back avec Mary, son p'tit frère et la moyenne sœur: découpé et dispersé aux quatre coins du film...
    Les plans où l'on voit les mains de Haley (la moyenne sœur) déchirées par le fil barbelé (qui retient Gibson, Mary et le p'tit frère): disparus !
    La résurrection de Fender lors du final fight ? Évaporée dans les limbes...
    Et d'autres bricoles du genre tout du long.


  • Le redoublage: oui...Il y a aussi un nouveau doublage, où les dialogues de Klyn ont été remplacés par ceux d'un gars qui vomit presque ses mots, rendant ses paroles quasi-incompréhensibles.
    Qui plus est, Fender pérore de longue en lançant plein de "fucking bitch" ici, des "motherfuka" là...
    Usant et inutile, ça arrive même à flinguer chacune de ses apparitions, comme sa toute première (stylée très "western" dans le montage 1989, une fois que Strant a été éclaté par deux de ses sbires).
    Mais le pire dans tout ça, c'est la voix-off de Gibson (évidemment pas doublée par Van Damme) qui n'arrête pas une seconde de jacasser à tout va !
    Bref, Slinger est une version parlante de Cyborg (donc totalement à l'opposé de ce que voulait Pyun, paradoxe, quand tu nous tiens !), mais vide de sens et pénible à suivre...


  • Quant au re-montage, disons le carrément, c'est la zone (Copyright Harold Ramis doublé par Jean-Pierre Leroux, 1984) !
    Les fameuses scènes rallongées sont parfois des redites du plan précédent (ça se compte en seconde) ou des prises alternatives. S'y trouve aussi des fondus au noir qui interviennent un peu n'importe quand (ce qui n'arrive pas dans le film officiel).


  • Il y a pourtant une longue scène réintégrée: celle-ci prend place juste après que Gibson soit arrivé dans le village de pêcheurs et rend un ballon à un gamin. Ledit gamin est retrouvé mort ainsi que son père) lorsque Gibson et Nady font route vers Atlanta, avant d'aller dans l'immeuble abandonné. Cette séquence apporte un poil de drama en plus, ce qui n'est pas rien en fin de compte.


  • Oh ! J'ai oublié de vous mentionner la toute fin de cette version insensée:



Après que Gibson ait ramené Pearl Prophet chez son pote, on voit un banc-titre qui annonce "9 mois plus tard".
L'on voit alors un grand couloir puis voilà t-il pas qu'une femme nue apparait dans des éclairs - oui, comme un certain autre cyborg dans un petit film appelé The Terminator!) et que celle-ci - avec un œil rouge luminescent (comme un certain cyborg dans...), qui se rapproche vers nous, avant qu'un écran noir nous balance un autre banc-titre "Cyborg: Nemesis"...


En résumé, Pyun sabote son film et fait de Van Damme un assez chouette monteur cinéma, tout compte fait...

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le 3 janv. 2018

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