Le moins bon de l'ère Craig?
Skyfall va bien évidemment plaire aux fans de l'agent double zéro : les références aux anciens opus sont nombreuses (miss moneypenny est de retour, l'aston martin DB5 est aussi présente, utilisation dans un dialogue de l'expression "rien que pour vos yeux", dialogue avec Q en référence au stylo explosif... etc). Seulement la profusion des rappels à l'identité, à l'ADN des james bond, privent ce nouvel opus de sa propre identité et de toute authenticité.
Le film commence sur les chapeaux de roues et est en ce sens très proche des derniers james bond incarnés par Daniel Craig qui demeure un agent tout en puissance et en action. Les premières scènes d'action en Turquie nous rappellent d'ailleurs, de part leur intensité, la course poursuite opérée entre notre agent préféré et le fabriquant d'explosif dans Casino Royal.
Malheureusement le scénario n'est pas à la hauteur cette fois ci. L'adversaire est incarné par un seul individu, disposant de moyens et de compétences manifestement considérables mais dont on ne connait ni les origines ni les modalités d'application (on est loin de la dimension géopolitique des habituels James Bond). Ainsi l'histoire peut finalement se résumer en un croisement de Goldeneye (avec l'agent double zéro qui se retourne contre son ancien employeur) et de maman j'ai raté l'avion (s'agissant de la scène finale dans le manoir en Ecosse)... Les incohérences et les erreurs sont nombreuses et je n'ai pas l'intention de toutes les détailler. L'histoire ne tenant pas debout on se contentera d'apprécier le rythme de ce film ainsi que certains dialogues (la métaphore sur les deux derniers rats est assez originale) et scènes propres au style james bond.
L'absence de véritable james bond girl est aussi regrettable. Et tout à chacun se fera son propre avis sur la dérive sentimentaliste et personnaliste de ce nouveau film ; tant à travers de la relation Bond-M qu'à travers le personnage de Bond lui-même (il est selon moi regrettable de faire tomber le mythe des origines de James Bond). Espérons, pour la suite, que james bond ne sera pas enfermé dans ledit personnage.
Ici nous assistons à l'effacement d'un héritage (la voiture, les gadgets, M) devant permettre aux futurs James Bond de couper le cordon avec ces vieilles reliques. C'est la thématique de la "résurrection" (hobbie de 007). Mais ce qui doit perdurer ce sont les services secrets (l'ombre demeure nécessaire dans ce monde de transparence où tout doit être dit au peuple) et l'empire, malgré les trahisons dont sont victimes les agents secrets. Le complexe d'oedipe est constant en permanence (chez James comme chez le méchant).
A noter que James Bond se révèle clairement alcoolique (il l'a toujours été sans jamais se montrer) et qu'il évoque l=une possible aventure homosexuelle (le mythe tombe ;)). De plus, coucher avec la femme du méchant n'est ce pas coucher avec le méchant?