1985 : voici (encore) un western américain classique de Lawrence Kasdan démontrant que le genre a bien survécu et n'est pas prêt de finir...
On est dans le western positif. Celui dont les héros portent l'espoir. Celui où le spectateur se sent bien à la fin car une nouvelle vie peut démarrer.


Le scénario de Kasdan est bien construit amenant progressivement les quatre hommes Emmet, son frère Jake, Paden et Mal à se connaître, se reconnaître, pourrait-on même dire, afin de combattre ensemble l'injustice représentée ici par un gros éleveur associé à un shérif de la petite ville de Silverado.
"Silverado", c'est aussi un film à tiroirs où les gens se croisent et se recroisent découvrant un nouvel aspect de tel personnage ou de nouveaux personnages donnant de l'épaisseur aux héros de base en les positionnant dans une famille ou encore en leur attribuant des qualités de tendresse (pour le petit frère ou pour le vieux père ou la patronne du bar) par exemple qu'on n'aurait pas soupçonné d'emblée.
Beaucoup de personnages, beaucoup de rebondissements mais la qualité de la construction du scénario de Kasdan fait que le spectateur n'a pas de mal à s'y retrouver.
Avec le suspense qui va de pair pour que le spectateur, qui a commencé à s'attacher aux quatre (foncièrement sympathiques) héros, finit par trembler pour leur devenir ou celui de leurs proches.


La mise en scène est très réussie. Que ce soit l'introduction des personnages ou les chevauchées ou encore les bagarres.
L'entrée en matière tonitruante du film où Emmet est dans l'ombre d'une cabane en bois brusquement attaquée par des malfrats est somptueuse. L'image s'éclaire peu à peu au gré des trous faits par les balles des fusils jusqu'à l'ouverture grandiose sur la lumière et l'image d'une splendide vallée. Je m'interroge d'ailleurs sur un possible pied de nez aux westerns italiens ...


A noter un certain second degré qu'on retrouve un peu à tous les étages : de la scène où Paden est en sous-vêtements en ville et où une mère détourne le regard de sa fille aux dialogues avec le shérif "so british" qui lisse sa moustache (John Cleese) en passant par les remarques frappées au coin du bon sens de Stella. Les dialogues fourmillent de petits détails rappelant le caractère bon enfant des westerns classiques de John Ford ou de John Sturges.


Surtout Lawrence Kasdan introduit toute une floppée de jeunes acteurs qui se prêtent merveilleusement à retrouver les bonnes atmosphères de la colonne des pionniers, des saloons où on boit de bons coups, où on joue gros jeu, où on se bagarre en toute simplicité.
Les personnages des héros principaux sont joués par le taciturne Scott Glen (Emmet), le bon vivant Kevin Kline (Paden), le tout fou Kevin Costner (Jake) et le profond et attachant Danny Glover (Mal). Tous convergeront vers une tonalité de bande de potes solidaires et de joyeux drilles.
Côté méchants, il y a surtout le "sympathique" Brian Dennehy (Cobb) qui a vite fait de se révéler une belle crapule sans oublier le "à contre-emploi" Jeff Fahey, ici, très désagréable.
Mais deux autres personnages méritent d'être cités :
Linda Hunt dans le rôle de Stella qui du haut de ses 1 mètre 40 gère avec subtilité et énergie son saloon. Je l'avais bien appréciée dans son rôle de prêtresse dans Dune. Ici elle joue un second rôle qui est une pièce clé du puzzle de "Silverado".
Rosannah Arquette qui joue une jeune veuve de la colonie de pionniers. Radieuse et positive, on ne la voit pas énormément. Elle prend beaucoup de sens quand elle discute avec Paden, le séducteur maladroit, sur la relativité de la beauté. Elle a une phrase superbe : dans quelque temps, je ne serai plus aussi belle mais cette terre continuera de l'être.
C'est un (petit) regret qui me reste de ce film où j'avais espoir que son rôle soit un peu plus développé.


En conclusion, très beau film avec de très beaux personnages dans une très belle histoire dans une très belle mise en scène.

JeanG55
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le 6 juil. 2021

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JeanG55

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