Vraiment, Silent Hill 2 est parti pour figurer au moins second dans mon top des pires de 2012. C’est bien simple, là où Gans accouchait d’un film fantastique monstrueux, adaptation plastiquement parfaite de l’univers de Silent Hill, Michael J Bassett nous sort une purgeasse qu’on n’oserait même pas jeter dans sa propre poubelle. C’est tellement mauvais que je ne sais pas par où commencer. Peut être par la musique. Les critiques s’accordent à dire qu’elle est plutôt bonne, c’est parce que Bassett reprend exactement la même que l’original, au morceau près. Aucune horreur d’un bout à l’autre du film, des jump scare mauvais qui n’arracheront des cris qu’aux fans de paranormal activity. Et des personnages de série B qui ne méritaient qu’une sortie en DTV se retrouvent sur les écrans. Sharon, renommée Heather, passe l’intégralité du film à mimer la peur (je dis bien mimer, car elle trimbale exactement le même air effrayé quelque soient les scènes où elle joue). Et comme c’est une gourdasse, la moitié de ses dialogues consiste à répéter ce qu’elle a dit dans la moitié précédente (« Je vous reconnais. Vous êtes la mère d’Alessa. La mère du démon ! » (alors qu’elle a perdu la mémoire, pouf, ça lui revient) ou encore « Je crois qu’il manque une moitié de ce talisman. Il doit y en avoir une autre quelque part… »). Non content d’avoir perdu la mémoire des évènements du premier, elle sait que son père range tous les documents relatifs à Silent Hill dans une boîte sous le lit, mais elle n’y a jamais jeté un coup d’œil (alors qu’elle en cauchemarde toutes les nuits et même quand elle est éveillée). Le plus pathétique dans cette affaire doit être Sean Bean, plus préoccupé par la peinture de la chambre de sa fille (« Tu verras, on va repeindre ta chambre et après tu ne feras plus de cauchemars. » sérieusement, il répète ça plusieurs fois dans le film) que par les visions démoniaques de cette dernière. Pour faire la paire avec la fille demeurée, on lui rajoute un petit copain direct introduit comme tel (c’est un nouvel arrivant, qui entame sa relation par un « Je me suis perdu. » « Je ne sais pas où on est, je me suis perdu aussi. » « On s’est perdu tous les deux alors… Ca nous fait un point commun… On va se prendre un café ? »). Un demeuré qu’on se doute faire partie des méchants (c’est juste trop évidant à la manière dont il colle aux basques d’Heather), et qui ne manque pas de relever à plusieurs reprises son incroyable intelligence (l’inscription peinte en sang sur le mur dans la bande annonce : « C’est du sang ? »). C’est Carrie Ann Moss qui reprend ici le rôle de la chef des fanatiques, et son cabotinage fait mal aux yeux. Mais le pire dans tout ça doit être le rendu de l’univers de Silent Hill. Si la bande annonce promettait beaucoup plus de créatures, laissez moi vous dire qu’on ne les verra au grand maximum que 15 minutes pendant tout le film. Et pas 15 minutes chacune. Les infirmières : 3 minutes chrono (la scène est d’ailleurs mauvaise, ruinée par la 3D (les actrices tremblent comme des feuilles alors qu’elles sont sensées être immobiles) et par des méchants intégristes débiles qui viennent livrer un gentil aux démons et qui se font lamentablement tuer). L’araignée en mannequin : 2 minutes. Tête de triangle : 6 minutes, le cracheur de bitume acide : 15 secondes, un démon what the fuck : 30 secondes… A partir de là, le reste est sans bonne surprise. On se rappelle tous de l’excellente interprétation de Jodelle Ferland en Diable. Et bien, sa version ado est à se rouler par terre. Même moi, je suis capable de mieux la maquiller (sans me vanter, ils ont dû y aller avec de la cendre et du charbon, mais je n’ai jamais vu un maquillage aussi laid autre part que dans des séries Z). Le tout pour un combat nanar sur un manège où ce démon enlace Heather, les deux filles crient, puis sans aucune raison, Heather gagne le duel nanar et le démon crame. Gné ? J’ai raté un truc ? Ben non, c’est parce que c’est elle la gentille. Aucune, je dis bien aucune cohérence entre les différentes scènes, Bassett se foutant visiblement des transitions entre les décors. D’ailleurs, l’éclairage global est tellement sombre qu’on ne voit pas la moitié de l’écran, c’est pire que dans Pandorum et ça nous empêche de voir que les décors sont petits, et qu’alors que le premier Silent Hill était un film de ville fantôme, Silent Hill révélation est un film de couloir fantôme. Cerise sur le gâteau : la meilleure créature du film, un démon très Hellraiser, a été volé à un autre jeu vidéo : The suffering. Un excellent jeu de divertissement horrorifique où une prison est brutalement assaillie par des légions de démons très torturés graphiquement. Si ce film s’appelait The Suffering, peut être aurait-on été plus clément. Mais cette séquelle, sans la moindre révélation (titre mensonger !) est une arnaque assez monstrueuse. Quand Basset n’est pas capable de demander à un figurant sensé être mort d’arrêter de respirer (il s’est pris une balle dans la tête, mais il respire encore pendant un plan entier), on ne peut plus faire grand-chose. Et on relève ça et là des abominations notoires (à la fin du film, Sean Bean décide d'un coup, comme ça, de rester pour chercher sa femme alors qu'il s'est fait attaché pendant tout le film (il passait son temps à menacer ses geôliers, très drôle) et a vu deux démons se battre devant lui) ou les hommages mauvais (on a compris que tu aimais Donnie Darko, Michael, arrête de filmer ce putain de lapin en peluche !). Bref, je me suis bien marré avec un ami amateur d’horreur, mais 10,7 euros au tarif étudiant, ça faisait vraiment mal. Disons qu’on tient là la vaseline qui annonçait la venue du maousse Fist fucking Massacre à la tronçonneuse 3D.
Voracinéphile
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le 25 mai 2014

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