On me rappelle que le film est sorti durant le mandat de Mitterand, à une époque où la richesse a été diabolisée ; c’est peut-être la raison pour laquelle le réalisateur (dont le nom ne s’invente pas) a décidé de dépeindre les inverses dans ses personnages : Claude Brasseur interprète « un riche », ce qu’on serait bien en mal de dire sans l’appartement luxueux et les « sí, Zean-Zacques » obséquieux de son factotum ibérique.
Car les manières de riche se sont perdues : il n’en reste plus que les apparences d’un côté, et le fait de l’autre. Une façon de détacher le personnage de son monde « du dessus » pour le ramener dans la populace à qui s’adresse, après tout, une comédie de texte : nous avons bien le droit d’être casaniers ! Ah, tiens, je pourrai citer Marielle à ma défense, à l’avenir. Mais s’il fait toujours un glorieux mariole et que Brasseur brasse bien les codes, Balasko est quant à elle poussée à bout par une bipolarité socio-professionnelle inexpliquable.
D’ailleurs, ce sont tous les codes qui se perdent, sauf bancaires : les protagonistes sont retroussés (pas détroussés) jusqu’au bord de l’illisibilité, Brasseur traitant Balasko de boudin sans préavis (ses personnages ont l’habitude) et les mœurs se froissant ou se déridant sans stimuli.
Il est particulièrement difficile d’évoluer dans le montage sec et strict qui saccade des transitions linéaires faisant fi d’annoncer des changements d’humeur ou de présenter une quelconque grâce. Oui, heureusement que Monnet est avant tout scénariste et qu’il modèle des répliques méritoires autour de personnages à la fois littéraires et théâtraux transmettant si bien les valeurs de leur temps – quand elles ne sont pas tout simplement obsolètes et ne réclament du critique un tant soit peu de recul sur un domaine politique qu’il connaît bien mal et qui, pourtant, justifie jusqu’à l’existence de cette pellicule.
Quantième Art