
En France on aime interroger la psychanalyse. Rares sont les film qui y parviennent, rares sont les films qui partent de ce sujet pour nous parler tout simplement de la vie.
Sybil, psychanalyste, a été romancière. Elle décide d'arrêter la psy pour se remettre à l'écriture. Premier choix, pas si simple. C'est le moment où une actrice en perdition, enceinte de son compagnon marié, débarque sans son cabinet. Sybil tient là son sujet de livre, mais elle ne mesure pas encore combien cette rencontre va la replonger dans sa vie. Elle qui pensait tout contrôler, elle va recommencer à perdre pied. Pour mieux se relever ?
Ce film est intense, profond et il nous oblige à suivre du début à la fin pour ne perdre aucune miette, ne pas louper un changement dans les personnages. Et quels personnages ! D'abord, c'est une immense Virginie Efira qui porte ce film en étant Sybil. Elle est de tous les plans, et nous rappelle à quel point c'est une immense actrice. D'une justesse folle, capable de passer une émotion en un seul regard, sans aucune fausse note. Elle est secondée par une Adèle Exarchopoulos habitée par son rôle, intense et pour une fois qui n'en fait pas trop. Gaspard Ulliel, en tombeur ténébreux sans moral, est plus que convaincant, et ce contre emploi lui va à merveille. Tout comme le rôle froid mais juste de Sandra Hüller, en réalisatrice dépassée, amoureuse mais perdue.
Et disons le : la direction de Justine Triet est juste, fine et inventive.
Au fond, ce film interroge la binarité de nos vies, de nos choix. Notre sentiment, souvent, pour ne pas dire tout le temps, faux, de contrôler nos vies. Le fait que lorsqu'on se relève, on peut aussi tomber de nouveau si l'on refuse cette nécessaire rupture avec le passé, seule capable d'aider à la construire notre présent. Et si au fond il fallait accepter de vivre, accepter que la vie n'est pas binaire, que les choix sont plus complexe, que le gris est majoritaire par rapport au blanc et au noir ?
J'ai vraiment été étonné par ce film. Je comprends que certaines personnes aient été gênées par les scènes de sexe. Moins qu'ils les pensent inutiles tant le sexe, le désir, la vie et la douleur son liés. C'est être passé complètement à côté du film que de les penser inutiles.
A voir donc pour qui est prêt à une tragi-comédie douce amère, mais radicale.