La mort est froide

Sympathique petit thriller.

Ça commence très bien : on entre vite dans le vif du sujet, c'est prenant. Puis, une fois arrivé dans ce bled, on sent tout de suite que ça se traîne un peu, l'efficacité s'éclipsant au profit d'une love story pas super passionnante ; elle permet de faire évoluer le personnage qui sera de moins en moins détaché... mais on s'en fout un peu. Ce qui rend l'intrigue intrigante, c'est le fait que le héros soit à la poursuite de son pote disparu pour retrouver des diamants qu'il doit vendre à des russes chauds pour le dégommer. On sent la difficulté de la mission et le cadre austère rend le tout plus prenant. Il reste de bonnes idées qu'elles soient pertinentes (la pipe pour marquer le lien d'amitié) ou impertinentes (la relation avec les frères, on s'en tape un peu). Il y a aussi cette déconstruction du héros qui est intéressante, même si, dans le fond, ça n'a rien à voir avec le film : voir Keanu se faire tabasser par les ruskofs au premier tiers du film semble annoncer que non, nous ne sommes pas dans un "John Wick" et si le personnage connaît quelques coups et sait tirer au fusil, il est loin d'être un surhomme.

La mise en scène est plaisante : le lieu est bien filmé, le froid bien rendu (toutes ces pièces ont l'air caillantes). Le découpage est pertinente, le montage aussi, sauf peut-être lors de quelques scènes plus rythmées car plus portées sur l'action. Les acteurs font du bon boulot, Keanu propose un jeu sobre mais efficace ; les autres acteurs sont moins monolithiques mais assurent autant. Les scènes de sexe sont correctes : la deuxième paraît un peu gratuite, mais allez, ça fait plaisir de voir Keanu baiser en russe. La musique inquiétant est sympa aussi mais semble annoncer quelque chose de plus sombre, de plus dramatique.

Bref, c'est le genre de film dont on se souvient, non pas pour ses scènes, mais pour ses ingrédients qui auraient dû donner lieu à un très bon film.