Si tu savais...
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Film VOD (vidéo à la demande) de Alice Wu (2020)

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Alice Wu n'a pas pris le risque de gâcher un tableau réussi

En voilà un film qui me surprend, ça commence bien ! Ce mélange de teenmovie et de beauté est très inhabituel !


Sous fond de teenmovie et de triangle amoureux, c'est quelque chose de tout-à-fait sérieux qui s'opère : la quête de la définition de l'amour. Le monde qui environne les quelques personnages principaux n'a aucune épaisseur, il est un décor factice, inutile et il ne trompe personne, comme un poster derrière une scène de théâtre. C'est un choix qui a de l'importance, car il sacrifie l'immersion dans le contexte pour renforcer la scène qui se trame entre les personnages mis en lumière.


La réalisatrice et ses personnages vont donc chercher ce qu'est l'amour dans un scénario à la Bergerac rondement mené, jusqu'à la séquence de l'église où les conclusions sont livrées : il y a plusieurs façon d'aimer, c'est toujours difficile et audacieux ; et, dans deux dernières scènes, le film nous montre explicitement ce que l'on voyais depuis le début : l'amitié mixte et l'homosexualité.


C'est une conclusion qui déçoit un peu, par sa consensualité et son manque d'audace, la même audace que prônait pourtant Alice Wu pour faire un tableau exceptionnel. Pourtant, le propos est défendu à merveille : dans ce triangle amoureux, nous pouvions nous attendre à ce que Paul réussisse à séduire l'une, ou qu'il tombe amoureux de l'autre qui l'aide, et lui-même représente la doxa d'un amour unique --> Une femme et une femme s'aimant charnellement. Mais il n'en a rien été, et le duo principal va apprendre à expérimenter deux types d'amour.


Tout cela est assez bien écrit, et quelques scènes sont également belles. Nous pouvons noter par exemple un usage efficace du silence, de la symétrie, du texte, du cut, mais le propos le plus profond du film manque d'ambition. En ouvrant l'amitié mixte et l'homosexualité comme des possibles, la réalisatrice ne brise aucune norme : la société a changée et n'est plus cette carricature de fond. Dire que l'amour est multiple est une évidence, elle ne va pas assez loin, ça aurait été novateur il y a 40 ans.


Si Alice Wu avait pris le risque de gâcher son film réussi en tentant d'explorer une définition plus profonde, complète et mystérieuse de l'amour, peut-être aurait-il été exceptionnel.

Eussoudore
7
Écrit par

Créée

le 17 sept. 2021

Critique lue 152 fois

Eussoudore

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