Les contes ça ose tout

On comprend que "Shrek" ait détonné à sa sortie. Une animation au top en 2001. Un film qui se paie allègrement la tête des Disney, tout en alignant les référence à la pop culture (rare pour de l'animation). Un héros incarné par un ogre. Et un casting prestigieux (et oui, avant de partir en vrille dans les années 2000, Mike Myers n'était pas n'importe qui !). Qu'en reste-t-il aujourd'hui ?

Il est toujours difficile de juger une animation numérique 20 ans après sa sortie. Forcément, les images et textures sont parfois "rigides" (décors épurés, figurants statiques...), et supportent mal le passage à la HD. Mais il faut reconnaître l'énorme travail pour l'époque. Surtout dans les expressions des personnages, encore très vivaces, et probablement animées "à la main", la performance capture n'existant pas encore.

Et puis le personnage de Shrek, l'ogre solitaire qui semble moche et méchant, reste attachant. Il incarne toujours cette défiance face aux contes de fées classiques. Là-dessus, si se payer la tête des contes n'était pas neuf ("Princess Bride" l'avait déjà fait avec brio), se moquer directement de Disney était original. On murmure même que le méchant et ridicule Lord Farquaad serait une caricature peu glorieuse de Michael Eisner, qui était en 2001 le PDG de Disney...

Quant aux références à la pop culture, outre Disney elles sont très marquées années 90 (et oui, au début des années 2000, une parodie ne pouvait pas s'empêcher de référencer "The Matrix"...). Elles feront leur effet aux gens qui ont connu cette période, mais pour les plus jeunes qui découvriraient le film aujourd'hui, quelques explications seront sans doute nécessaires !

Question acteurs, le film aligne une distribution glorieuse. Cameron Diaz en princesse plus pêchue qu'elle n'en a l'air. Mike Myers en ogre à l'accent écossais (!). John Lithgow en méchant. Et Eddy Murphy en âne bavard : là je dois dire que n'appréciant guère l'acteur, sa prestation intarissable est parfois proche du supplice pour moi...

"Shrek" a donc perdu de sa singularité (les suites à foison n'ont pas vraiment aidé...) mais demeure donc un produit tout à fait charmant.