Ennemie d’état

On fait pas d’omelettes sans casser des œufs. Parfois pour pouvoir sauver tout un pays, il faut massacrer un village entier pour faire construire un oléoduc afin d’assurer les intérêts des Etats-Unis et garantir la paix en Ethiopie, ça s’appelle faire d’une pierre deux coups. Et parmi les victimes collatérales il y a Bob Lee Swagger un sniper abandonné par l’armée lors d’une mission qui va mal tourner. De retour au pays, le vétéran conspirationniste et misanthrope va se retirer dans les montagnes, au sein d’un chalet isolé en compagnie de son chien dévoué qui le comble de bonheur et de bières servie bien fraîches. Alors qu’il croyait enfin pouvoir aller de l’avant malgré les mensonges entourant la guerre en Irak, le gouvernement va le retrouver afin de lui assigner une dernière mission comme conseiller afin déjouer une tentative d’assassinat sur le président. Et comme Bob est un fervent patriote qui aime son pays, il va accepter sans même se douter qu’il sera le dindon d’un vaste complot élaboré. C’est de la naïveté que né la trahison, et la trahison c’est justement la seconde nature des politiciens et des hauts gradés. Accusé à tort d’avoir voulu abattre le chef d’état, l’ancien marine se retrouve avec le pays tout entier aux basques.

Malheureusement pour les services secrets qui ont voulu fomenter ce mensonge d’état, c’est que leur poulain dont ils ont fait le nouveau Lee Harvey Oswald est en réalité un survivaliste tireur d’élite capable d’abattre n’importe quel cible en mouvement à près de 2 kilomètres. Autrement dit, il ne compte pas se laisser faire, bien au contraire, il compte même révéler la vérité en enquêtant au côté d’un jeune agent du FBI qui va commencer lui aussi à gêner les autorités. Mark Wahlberg fait le show façon Rambo, en se fondant dans l’environnement tel un caméléon pour venir à bout des mercenaires et tout faire exploser autour de lui, drôle de façon de clamer son innocence, vous remarquerez. Mais dans pareil situation, c’est tuer ou être tué, et ça tombe bien parce c’est pour ça qu’on est là. Evidemment c’est un récit très manichéen entre le gentil qui aime chien et son pays et les méchants du gouvernement qui tente vainement de justifier leurs agissements auprès du président qui trempe sans aucun doute possible dans les magouilles même si tout le ramassis de mécréants en ressortira blanchi. Pourquoi ? Parce que la justice estimera que le génocide commis en Ethiopie est en dehors de leurs juridictions. Du coup tant pis pour le dignitaire africain volontairement abattu par le FBI pour l’empêcher de parler, mais n’allez pas imaginer que ça se finira comme ça. Marky Mark n’a pas dit son dernier mot et compte bien faire comme dans Les Infiltrés de Martin Scorsese sorti un an plus tôt, en leur tendant un sinistre guet-apens avant de foutre le feu à la maison, c’est assez expéditif et surprenant mais c’est aussi ce qui permet à cet actionner d’Antoine Fuqua de sortir un peu du tout venant des films parano.