Magnifique reconstitution et interprétation magistrale...

D'entrée je précise que j'aime ce film. Terriblement même... D'aucuns pourraient dire que je manque d'objectivité car il y a Robert Downey Jr dedans. Ceux-ci n'auraient peut-être pas tout à fait tort mais quand même, je sais reconnaître un bon film d'un mauvais, quand bien même il y aurait Robert dedans.

Alors oui, je trouve ce film réussi. C'est même un des films qui m'ont le plus plu et marquée de ces dernières années pour diverses raisons.

L'ambiance du film, d'abord. Une merveille de reconstitution du Londres de l'époque. J'aime le pont de Londres (dont je ne sais plus s'il a un nom spécifique aujourd'hui), encore en construction, j'aime les images de ce Londres et les marques de cette société en cours d'évolution, mêlant les débuts de l'industrialisation (et la pollution, le "fog" qui va avec) avec ce qui était encore présent des temps plus anciens. Cela m'a d'autant plus marquée que j'ai une attirance pour cette époque, qui a vu les plus grandes inventions techniques et découvertes scientifiques naître, tant dans ce Londres que dans Paris, sur le continent. C'est d'ailleurs pas un hasard, selon moi, qu'on entende parler français dans le film. Les Londoniens cultivés d'alors - comme c'est le cas de Holmes - le parlaient plus généralement que maintenant.
Et puis les costumes, si spécifiques à chacun des personnages, reflétant leur personnalité de toute évidence. La mise plus sévère - plus militaire - d'un Watson comparée à la désinvolture, le désintéressement quelque part, de Holmes. Holmes qui, d'ailleurs, comme on le sent dans les romans, sait s'adapter aux lieux et aux personnes et change de tenue, aussi à l'aise dans chacune.

L'histoire n'est pas tellement compliquée et est véritablement logique comme le démontre Holmes. Comme dans certaines des aventures publiées (tel le "Chien des Baskerville"), le surnaturel baigne toute l'histoire sans qu'il y ait au final quoi que ce soit de surnaturel. Les personnages jouent sur la crédulité du peuple et sur la peur de ce genre de manifestation pour arriver à leurs fins. Et Holmes, dans certaines histoires comme dans le film, déroule le fil petit à petit gardant ses déductions pour lui jusqu'au dernier moment (ce qui ne manque pas de dérouter Watson, comme on le sent dans le film par moments)

Et puis les deux personnages principaux du film... L'un ne va pas sans l'autre et l'interprétation de Jude Law et celle de Robert Downey Jr sont étroitement liées. Les caractères dissemblables des personnages sont extrêmement bien transmis. On ne saurait les imaginer plus différents. Pour autant, ces différences n'empêchent pas l'évidente complicité entre les deux. Si leurs caractères ne les incitent pas aux effusions et à s'avouer mutuellement qu'ils tiennent l'un à l'autre, les jeux des deux acteurs montrent l'affection, l'amitié qu'il y a entre eux.

La difficulté, c'est que dans les romans, il n'y a que le point de vue de Watson (qui n'est d'ailleurs pas plus disert que son acolyte) et nous n'avons que notre vision de lecteur pour tenter de comprendre ce qui lie les deux personnages. Pour ma part, je suis persuadée de cette affection, bien qu'elle ne soit jamais réellement mentionnée. Le Holmes des romans semble peut-être plus distant que celui du film, mais Robert Downey ne le rend pour autant pas "amical" ni démonstratif. Il a cette désinvolture, cette impression de vivre sur une autre planète que les autres, en permanence. Il ne déteste pas les gens, c'est juste que peu de personnes l'intéressent. Et oui, Robert Downey est dans cette ligne-là.... Seuls émergent réellement Watson - comme dans les livres - et ici, Irene Adler.

Je sais que la relation entre les deux a été une des critiques contre ce film. Pour mon point de vue personnel, il me paraît clair qu'il n'y a pas d'amour entre eux... Juste une fasicnation de Holmes pour la seule femme qui lui ait autrefois damé le pion. D'ailleurs, peut-être même la seule personne qui ait pu le surprendre (hormis Moriarty mais qui n'apparaît pas réellement dans le film... enfin si, un peu mais pas encore véritablement face à Holmes) Oui, c'est ambigu dans le film mais j'aime bien cette ambiguïté, cette légère fragilité qui apparaît chez Holmes seulement en cet instant....

Pour en revenir à Holmes plus spécifiquement, je considère qu'il a cette distanciation avec les choses, cette façon d'énoncer distraitement des évidences pour lui mais qui sont des déductions incompréhensibles pour les autres. Et le film le montre bien... Oui il prend des trucs pas clairs (non montré dans le film mais clairement sous-entendu), oui il déprime entre les enquêtes - c'est très clair dans certaines nouvelles. Et puis, comme dans les livres, il explique ses déductions après coup...

Alors je sais que la façon dont a été conçu Holmes dans le film a divisé les gens, les fans surtout. Pour autant, j'ai entendu autant de fans des livres criant au scandale que de fans trouvant le film proche des livreds. Et je n'ai aucune raison de penser que l'un des groupes a moins bien lu les nouvelles que les autres. C'est donc très clairement que là encore, tout est une question de point de vue. Même sur un point qui paraîtrait objectif - la vision de Holmes par les gens - on se rend compte que non, finalement, ce point-ci est tout aussi subjectif que ce qu'on peut penser du scénario ou du choix des acteurs. Mais en fait, c'est très logique : on se fait tous notre vision de Holmes ou de Watson, forcément il y a des déçus....

Pour en terminer avec l'interprétation et les personnages, quelques mots sur Watson quand même. Je trouve qu'il est heureux que le choix se soit porté sur Jude Law. Il est le pendant calme et raisonnable du Holmes de Downey Jr, plus fantasque. Les deux se complètent admirablement bien, on sent le travail entre eux derrière leur interprétation, et cette complicité apparaît de façon évidente à l'écran. Et puis il était temps qu'on montre un Watson autrement (quelque part, ça vaut aussi pour Holmes) parce qu'enfin, au début de leurs aventures, il est jeune médecin revenant d'Afghanistan, et donc forcément, il n'a pas tout le temps cette image qu'on s'est toujours fait de gars entre deux âges plein de bonhomie. Il a été un homme d'action sur le terrain, et il l'est là dans le film. Et je trouve ça très juste.

Alors oui, j'ai eu un énorme coup de cœur pour ce film et c'est pas une notion très courante chez moi. Autant je connaissais Robert Downey avant, autant c'est ce film qui me l'a mieux fait découvrir et qui, là encore, m'a donné un gros gros coup de cœur pour lui et m'a incité à découvrir des films plus anciens. Et ça, rien que pour la culture et le plaisir que ça donne, ça mérite d'être signalé.

Du coup, tiens, je passe ma note de 9 à 10, parce que j'ai quand même été très élogieuse dans mon commentaire. La note est peut-être trop subjective, pour le coup, mais enfin quelle critique ne l'est pas ?
Euanthe
10
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le 29 mai 2011

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Euanthe

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