Miroir pour grands attardés

C’est parce que généralement je déteste aujourd’hui les films de superhéros que j’ai aimé ce Shazam ! Enfant, je les adorais, bien sûr, mais à chaque âge ses films, non ?

Gentiment ridicule, le personnage de Shazam est pour moi à l’image de la frange plus âgée des adorateurs de Marvel/DC, de ceux d’entre eux du moins qui, à travers ces films, se prennent terriblement au sérieux : un jeune ado dans un corps d’homme. Pour ma part, je trouve triste le spectacle de ces adultes ayant oublié ou refusé de grandir en conservant la culture et les goûts d’adolescents qu’ils ont pourtant cessé d’être depuis longtemps.

Certes, pour m’offrir de temps à autre des plaisirs régressifs (et Shazam ! est bien sûr de ceux-là), je comprends que l’on puisse aimer les histoires de superhéros. Mais on peut le faire sans se bercer de mots sur les qualités, la valeur artistique ou la « profondeur » de celles-ci. Les tentatives, notamment du côté des comics, de donner de l’épaisseur aux personnages et aux histoires ne m’ont pas convaincu — un peu comme si l’on cherchait à ériger un monument sur des sables mouvants.

Shazam ! ne cherche évidemment rien de tel : du cinéma, à l’humour lourdingue décomplexé, qui ne se prend jamais au sérieux, un film de gamins qui jouent aux héros, pour gamins rêvant d’être des héros. De quoi plaire, donc, à l’enfant qui est en nous. Il ne s’agit pas de tuer ce dernier, mais de le laisser à la place qui devrait être la sienne, en retrait.

S’agissant des acteurs, le garçon interprétant Billy paraît plus mûr et sérieux que le comédien jouant Shazam, tout à fait clownesque, lui. Erreur de casting pour le garçon, ou choix délibéré visant peut-être à souligner la puérilité des films de superhéros ? Je l’ignore, mais ce contraste entre les deux comédiens nourrirait plutôt mon propos, aussi l’accepté-je volontiers.