Je hais les suites. Déjà. Je n'aime pas le « 2 » ou « suite », ou autres « retour », et mise à part celui du Jedi, je sature. Mais bon. J'y vais en compagnie de ma mère, soirée filles en vue, escarpins et cocktails. 19 ans oblige, tous les épisodes vus, j'allai donc voir le second volet des New-Yorkaises déchaînées. J'entre dans l'obscure pièce et je regrette. Nous sommes 15 personnes en tout et pour tout, dans la plus grande salle du cinéma : okaaay ! Comme dirait Jacquouille.
Les sièges couinent, j'observe : deux hommes forcés par leurs copines shoppeuse enthousiaste, un autre couple mère-fille, une bande de copines surexcitées (et, on a pu le constater, durant tout le film). Le film commence, générique bateau, New-York magnifié, sublimé par des coups de caméra bien sentis sous le r'n'b tout nouveau, tout frais. Les buildings, Broadway, les Starbucks, Dior, Chanel, l'Opulence, quoi. Et en brillant-strassé-glossy : le titre. Ouille ma tête.
Sex and the City 2 se découpe en 2 parties : la partie New-York et la partie Abou Dabi. Oui parce que, l'histoire (s'il y en a une) c'est qu'elles partent toutes aux Emirats Arabes pour faire les fofolles. La partie New York ressemble énormément au premier volet, style Louboutin de 6 mètres de haut gravant le pavé, je suis la plus belle de la rue, regardez-moi. Et puis dîner hype dans des restos branchés, sushis bars, cosmopolitains, quoiqu'avec un peu plus de rides et de botox. J'ai lu quelque part que le réalisateur voulait prendre l'angle de la maturité, elles ont vieilli, par conséquent comme gèrent-elles la ménopause, etc. Autant de sujets culturellement, particulièrement intéressants n'est-ce pas ? [IRONIE]
Dans la première partie du film se déroule un mariage gay, avec Liza Minelli en guest star qui se la joue Beyoncé. On ne pouvait pas choisir mieux comme emblème du concept de la « dégénérescence d'une diva ». Le message : Il faut absolument rester jeune. Ne vieillissez pas. Oui, parce qu'à l'époque, la série battait des records d'audience, grâce à leur franc parler, leur libération sexuelle. Mais maintenant il est temps de grandir. Ou plutôt de mûrir.
Avant de partir dans les sables chauds et le thé vert, Sarah Jessica Parker aka Carrie Bradshaw est mariée avec son mec, « Big », depuis 1 an. Et là, c'est le drame. L'Homme se vautre dans le canapé, met les pieds sur la table, ne veut pas sortir manger dehors, veut une télé dans la chambre. D'après elle, c'est fini, son mari ne veut plus d'elle, il vieillit, ils deviennent séniles, chiants, complètement out.
Traduction : écoute cocotte, ton mec est juste fatigué parce qu'il a bossé toute la journée. Point. S'il veut mettre les pieds sur le canap' et regarder la téloche au lieu d'aller dans des soirées mondaines à la con, c'est son choix ! (big up à Evelyne Thomas).
Carrie est chiante, Carrie est compliquée, Carrie se contredit à chaque phrase.
Il est maintenant temps d'aller à Abou-Dabi. Mais, le moins qu'on puisse dire, c'est que ne le sont pas ! A bout d'habits (Mum's joke). Car les 4 girls changent de fringues à chaque scène. Il y a au moins ¼ d'heure consacré à la présentation de leurs suites, décorées de façon richissime. Ca pue les riches, si je puis dire. C'est complètement indécent. Elles font du chameau, achètent des épices dans les souks, le film aurait pu s'appeler « mes vacances dans un pays oriental », avec tous les clichés, le gentil commerçant, les montres sous le manteau, les babouches pas cher « seulement 20 dollars la paire ? Les fiiiiillleeuuh ! » Lamentable.
Le coup de couteau dans la plaie, la cerise en plastique sur le gâteau immangeable : l'ex-boyfriend qui revient pour une soirée, le temps à Carrie de l'embrasser et de geindre par la suite, ben c'est vrai tiens, je suis mariée ! Et de sortir cette phrase mémorable, restée dans les annales : « Mon passé détruit mon futur » ou une connerie de ce genre.
Le seul coup d'éclat du film est, justement, lorsque Carrie voit que son dernier livre se fait descendre par le célèbre magazine New Yorker. Elle ne se remet pas en question, pleure quelques larmes dorées dans son châle Hermès, et puis ressort faire un karaoké.
Bref, on s'ennuie, on déplore, on rigole aux moments les plus tristes par pitié, le moins qu'on puisse dire c'est je n'ai plus aucune estime pour elles. C'est dommage. Les charmantes New-Yorkaises qui refaisaient le monde à la terrasse d'un café, parlant d'hommes et surtout de sexe, est révolue ! Bonjour manque de modestie, répliques à la noix et réflexions prépubères !
Remarquons aussi le niveau de pornographite aigue qu'à soudain choppé Miss Samantha Jones. On savait que la blonde avait un fort potentiel érotique, jusqu'à être traitée de nymphomane, mais dans le film on voit les scènes d'amour un peu trop à mon goût. Pas que je sois prude, c'est simplement de la décence. Ce qui manque cruellement dans Sex and the City 2. On voit une érection en gros plan, des scènes de sexe à faire pâlir les meilleurs cinéastes du genre.
Pour résumer, on peut dire que, bien entendu, c'est un film d'argent et rien d'autre. Aucun scénario, aucune réplique vraiment drôle. Ce ne sont que 4 cougars perdus dans la jungle de la vie, jamais heureuse de ce qu'elles ont (que ce soit une famille, un homme ou bien du sexe) et qui tentent vainement de ne pas vieillir. Le souci, c'est qu'une femme refusant la maturité, ça devient vite un spectacle de foire. Ou comment être ridicule en 10 leçons. Soupir...
Pandaru
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le 16 juil. 2010

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Pandaru

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