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La Bonne Épouse et L'Affranchi. Le Consentement...Le Premier Duel.

Ce film a totalement fonctionné sur moi! Comme une sorte de 'Festen' à plus grande échelle.

Comme d'habitude je n'avais rien lu à son sujet et je n'ai pas écouté avant l'introduction de mon Patrick Brion au Cinéma de Minuit où je découvre ce film efficace (en tout cas, sa première fois; à la découverte).

Mieux vaut le voir car mon faible texte spoilera de surcroît sans doute un peu: il est jusqu'au 27/01/2024 sur https://www.france.tv/films/

Comme d'habitude, j'enregistre le film du Cinéma de Minuit puis sans intention de le regarder de suite, je vérifiais mon enregistrement puisque « Souvent horaire varie, bien fol qui s'y fie » ...

Ses derniers films, même si sans doute de qualité, ne m'avaient pas trop séduit de suite.

Celui là m'a saisit subito!

Il faut dire qu'il commence par un titre tonitruant dont j'ai même moi reconnu l'auteur, Ennio Morricone,

puis on croise deux captivantes beautés qu'on dirait soeur et frère: Ornella Muti et Alessio Orano (un mélange de Michael Shannon et Anthony Delon).

On dit que les couples finissent par se ressembler physiquement, eux, ils commencent par ça: ici, cette "homogamie", est d'ailleurs souvent souligné par des zooms sur leurs regards.

Zooms qui bien sûr me font penser à des westerns: et c'est vraiment un duel auquel on assistera. Le film commence d'ailleurs et finit par un beau plan de haut sur une grand-rue, que l'on comprend mieux à la fin puisque c'est le même, sauf que l'on connait désormais bien une des figures passantes.

Donc le film s'ouvre sur du Ennio Morricone et sur le genre de grand-rue où les cow-boys du Far West se livrent des duels au pistolet dans les films que les membres de SC connaissent mieux que moi.

Je n'avais pas de suite compris qu'Ornella Muti et son personnage avaient 15 ans, "14 ans"! corrigera-t-elle même plus tard son prétendant...heureusement que je suis casé et amoureux car mon marivaudage me vaudrait sans doute des ennuis.

Seule contre la mafia dont je préfère la titre Italien: La moglie più bella veut dire La plus belle Epouse (ou femme?)...

n'est pas du tout, du tout, un film sur la mafia.

Croire que c'est un film sur la mafia, c'est un leurre protecteur qui permet de se mentir à soi-même.

C'est un film sur l'éducation des garçons, comment on en arrive à transformer des bébés innocents en gros porcs machos hyper susceptibles suffisants avec bien trop de confiance hyper mal placée...pensant que la gentillesse est de la faiblesse, que la galanterie est de la soumission

et le consentement est pédant, si ce n'est pédéraste.

Toute la tension que j'ai vécue m'a rappelé ma séance en salle du Procés de Viviane Amsalem

où Ronit Elkabetz doit obtenir le consentement de son mari pour en divorcer! (j'ai mis longtemps à voir sans déglutir Simon Abkarian, en promotion sur d'autres projets , dont notamment des comédies).

Le moment le plus triste m'a été quand hyper optimiste, elle croit qu'elle va pouvoir changer

l'endoctriné.

ça me rappelle ces témoignages de petite amie cognée une fois, qui rêve que leur Bertrand Cantat va changer et on les retrouve jetée par un balcon ou crépie à l'acide.

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...je ne devrais pas le dire, surtout à ma Dulcinée, mais j'ai encore l'image de ces deux beautés, leurs si beaux visages qui apparaissent dans mon champ de vision en filigrane sur ces pages que j'écris (ils ont imprimé ma pellicule!). Dommages que l'entêtement du macho tordu l'enlaidisse pour toujours.

Un film tellement actuel: c'est un garçon tellement évidement endoctriné, au cerveau lavé par une éducation masculiniste et si macho...un susceptible qui a mal placé le curseur de sa fierté.

Les autorités religieuses sont même alors de son côté, comme on le voit encore trop souvent dans les religions, notamment celle sans autorité unique:

"La femme doit subir, pas participer" crie le sincère prêtre à la jeune fiancée au sujet de l'amour physique...son soutien est pain béni pour les machos, et il le fait littéralement en engraissant des porcs qui sont autour de lui dans la scène! Un film MeToo avant l'heure mais bien plus malin que ce mouvement. Le guide spirituel sert la soupe à ses jeunes porcs.

Le religieux est complice et indulgent envers la brute mais le film montre aussi que le patriarcat tient par la complicité de mères et femmes...ses scènes de lynchage, qui rappellent l'épuration, me sont mémorables...des femmes s'en prennent à celle qui ose résister ou celle ayant juste des velléités de questionnement:

Patrick Brion m'apprend après que c'est une histoire vraie représentant beaucoup de cas et que ce Damiano Damiani a aussi réalisé des documentaires, ce que son si bon film réussit à aussi être.

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le 14 janv. 2024

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PierreAmo

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