L'adaptation en film de la pièce de théâtre "Je reviens de loin" (Claudine Galea) met à l'honneur la puissance narrative de cette pièce, pourtant jamais montée. En effet et comme évoqué dans une phrase du film, tout est affaire ici de raconter une histoire que l'on puisse raconter, une histoire de famille rêvée, enchantée et recollée car déchirée.
Un matin, quand personne n'est levé, Clarisse, après avoir bordé ses deux enfants et jeté un regard sur son mari endormi, quitte la maison. Avec la vieille AMC Pacer, celle de leur rencontre des années plus tôt, dans les années 1980. Des adieux qui s'étirent pendant des moments pris à la dérobé. Un jeu d'équilibre où le souvenir, le vécu et le possible s'entremêlent délicieusement.
L'absence, envahissante et oppressante, est comblée par le piano - la lettre à Élise de Beethoven, du Debussy, Rameau, Mozart, Chopin, Rachmaninov...-.
Amalric signe un film très fort car très fragile, silencieux car musical, riche car humble. Pour transmettre sa poésie, un jeu d'acteurs vibrant qui déborde par sa fraîcheur et sa spontanéité, incarnées par Vicky Krieps.