Signé du réalisateur du documentaire Friedkin Uncut, Sergio Leone : L'italien qui inventa l'Amérique est un documentaire supervisé par les héritiers de Sergio. Avec en intervenants : Tarantino, Spielberg, Frank Miller, Scorsese, Jacques Audiard, Chazelle, Aronofsky, De Niro, Connely, le spécialiste français Simsolo, Morricone, Tornatore, Argento, l'ingénieur du son de Leone, les enfants du cinéaste, l'excellent biographe Christopher Frayling, Tsui Hark, le producteur Arnon Milchan, Eastwood, Wallach. Où les commentaires de cinéastes racontent plus sur eux que sur le cinéma de Leone (Miller et la BD, Spielberg et l’enfance, Scorsese qui a storyboardé à cause de lui…). Même s’il est touchant d’apprendre que la vocation de cinéaste de Tsui fut déclenchée par le générique de Pour une poignée de dollars. Frayling a les interventions les plus intéressantes pour ce qui est du commentaire du travail du cinéaste (le décalage entre l’Amérique fantasmée des westerns et les GIs occupant l’Italie comme base d’inspiration de Leone par exemple).

Le reste ? Marrant d’avoir monté Le Garde du Corps de Kurosawa avec le thème de son "remake" Pour une poignée de dollars. Vain d’avoir voulu utiliser des images documentaires pour faire imaginer l’ouverture du projet avorté Léningrad. Les transitions avec les maquettes de décors, les gros plans Leone sur les interviewés ? Bof. Mignon d’apprendre que le premier baiser d’une Connely actrice par accident fut sa scène dans Il était une fois en Amérique. Ou de voir que Clint -décrit par Leone comme un maître nageur qui tournait dans des séries sans parler- permit à Leone de transposer la nonchalance romaine aux cow-boys. Ou encore de voir le travail artisanal du son en post-synchronisation auquel Ennio participait. On se doutait qu’Argento et Bertolucci avaient été recrutés sur Il était une fois dans l'Ouest pour écrire un personnage féminin consistant et le film le confirme (pas confiance dans les scénaristes de la trilogie des dollars, trop âgés selon Sergio). Et on sourit du cirque autour de la construction/explosion du pont dans Le Bon, La Brute et le Truand.

Mais le plus beau, ce sont les archives autour de Sergio bien sûr. Parce que Sergio, très populaire en France, parlait très bien français. Parce que sa façon de marcher écho de celle de ses personnages. Parce que lui présentant Le Bon, La Brute et le Truand face caméra en bouffant des spaghettis. Ou la zique jouée sur le tournage des scènes d’Il était une fois en Amérique. Ou Leone conseillant face caméra Morricone sur le tempo du thème d’Il était une fois la Révolution.

Avec en fin de film Bécaud chantant à Leone L’Important c’est la rose, moment un peu étonnant mais témoignant de la popularité du cinéaste en France dans les années 1960-1970. Car pour rappel Il était une fois dans l'Ouest fut diffusé un an durant dans un cinéma parisien. Les scénaristes de Leone prétendent d'ailleurs que Leone n'aurait jamais lu Voyage au bout de la nuit en dehors des passages qu'ils lui auraient lu. Et qu'il n'aurait affirmé vouloir adapter le livre que pour faire plaisir au pays qui lui donna sa première reconnaissance critique. Peu importe la vérité, les chefs d’œuvre restent.

JohnTChance
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le 23 oct. 2023

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