William Brent Bell continue encore et toujours de ruminer le succès de ce qui est sans doute la meilleure -enfin surtout la moins mauvaise- œuvre de sa filmographie : "The Boy". Il n'était clairement pas parvenu à l'égaler avec le médiocre "The Boy : La Malédiction de Brahms" en 2020 alors pourquoi ne pas retenter sa chance avec un film "original" où l'on pourrait multiplier les apparitions de poupées glauques grâce à une intrigue bâtie encore une fois sur des faux-semblants surnaturels et rationnels ? Et bim, nous voilà donc avec "Separation" mettant en scène la vie difficile d'un père, auteur de BD incapable de réitérer sa gloire passée (Bell fait un transfert ?) mais devant prendre ses responsabilités pour conserver la garde de sa fille toute mimi après une séparation tragique. Évidemment, les dessins les plus célèbres de l'auteur sont ceux de créatures bien louches, qu'un Tim Burton pourrait sans doute attaquer pour plagiat (ou au moins pour t.très forte inspiration) et qui sont aujourd'hui devenus des figurines peuplant la chambre de son enfant. Alors quand une mystérieuse entité décide de s'en prendre à ce père et à sa fille, il est inutile de préciser qu'elle dispose d'un large panel d'incarnations pour malmener leur santé mentale...


Bon, autant commencer par ce pourquoi le film a été conçu principalement : les apparitions matérialisées de l'imaginaire de cet auteur. Les frissons qu'elles devraient engendrer ne seront jamais présents mais quelques-unes se démarqueront du lot par leur design (l'espèce de Joker contorsionniste est très réussie par exemple) ou par leur mise en scène (sans trop en dire, tout ce qui se passe en hauteur sera teinté d'une étonnante poésie macabre à l'écran). Ce sera pour ainsi dire la principale qualité du film car, pour le reste, "Separation" va justement donner envie de très vite se séparer de lui.


Que les thématiques utilisées pour une histoire de ce type soient celles d'un soap fantastique dégoulinant de bons sentiments pourrait encore passer (tourner la page d'un passé immature pour enfin assumer son rôle de père, surmonter la douleur d'un deuil qui refuse de nous quitter et évoluer en apprenant enfin à s'ouvrir aux autres...oui, on sait, ça nous met plein de guimauve aux n'oeils aussi) mais, lorsque celles-ci se retrouvent en plus au service d'un récit réussissant le triple exploit d'être ultra-prévisible, interminable et même particulièrement nauséabond sur l'image de la femme qu'il renvoie en général, on peut dire que "Separation" ne fait rien pour titiller un minimum de notre indulgence !
Pas la peine de se leurrer, outre l'usage opportuniste de ses poupées/marionnettes dans son déroulement atone, le récit est avant tout conçu comme un prétexte autour d'une révélation finale se voulant au moins aussi maligne que le twist de "The Boy" dans la balance de ce qui joue entre le fantastique et le thriller... Sauf qu'ici, la pauvreté de l'astuce saute tellement vite aux yeux par son caractère aussi stupide qu'évident que le visionnage de "Separation" va se résumer à observer des personnages incapables de faire fonctionner deux neurones en même temps pour enfin réaliser ce qui se trame juste sous leurs nez et dont on a tout compris après une vingtaine minutes ! Après un calvaire de près de deux heures à attendre désespérément un éclair de génie de leur part au milieu de ce qui ressemble à des rebondissements du pire du pire des téléfilms Lifetime, on en viendra carrément à demander une ordonnance d'éloignement pour que ce "Separation" ne vienne jamais nous mettre dans un tel coma d'ennui à nouveau !
Espérons tout de même que William Brent Bell fasse mieux avec le prequel de "Esther" dont il a désormais la charge... Quoique ce bougre est bien capable de lui coller une poupée maléfique entre les bras...

RedArrow
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le 2 juil. 2021

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