Préquelle de 부산행 (Dernier Train pour Busan), 서울역 (Seoul Station en Coréen) change de format et devient un anime. Chose que je n'ai appris qu'en débutant le visionnage.


Passé cette surprise initiale, me voilà devant cet objet à l'animation très moyenne présentant un duo de sans-abris: l'un semble avoir été mordu et l'autre tente de trouver de l'aide.
Mais personne ne bouge un petit doigt et ne croit ce pauvre bougre...
Le premier meurt...et c'est le début de l'épidémie.


Rien que l'entame parvient déjà à nous montrer que les sans-abris ne sont que des "parasites" aux yeux du citoyen "ordinaire".
En fait, 서울역 est avant tout une œuvre réfléchie (suivant ainsi son modèle, sorti un mois plus tôt en Corée du sud) qui peut se définir comme un constat social sur les laissés pour compte - incluant aussi les opposants au régime pré- Park Geun-hyede - de la Corée du Sud.
Moi qui rencontra beaucoup d'étudiants Coréens via mon activité professionnelle, aucun ne m'avait jamais parlé de ces "parias".
Et c'est via cet anime prétextant le genre horrifique, que j'apprends cet état de fait...


Animation moyenne + zombies, ça aurait pu donner un produit consommable et oubliable.
Sauf que ce côté sociétal élève le niveau et ce, bien plus haut qu'escompté.


Hye-Sun est en couple avec l'opportuniste et feignasse Ki-woong.
Pour arrondir les fins de mois difficiles, celui-ci utilise sa juvénile compagne pour voler des clients avides de parties fines.
Le passé immédiat de Hye-Sun ("employée" d'un bordel) aidant beaucoup à l'affaire.


Mais celle-ci refuse de continuer ce petit stratagème et quitte Ki-Woong.


Errant sans but dans les couloirs du métro, elle aperçoit une bande de SDF qui se ruent vers elle en lui hurlant de fuir.
L'instant d'après, une horde de contaminés pointent leurs nez (sanglants)...
Dans le même temps, Ki-woong tombe par inadvertance sur le père de sa dulcinée (lucrative). et celui-ci l'embarque de force pour retrouver sa fille.


서울역 nous entraine donc dans un monde déprimant (la réalité, en fait) où la vie est loin d'être facile, mais sans pour autant qu'il y ait une démonstration trop appuyée de cet univers caché (dans les recoins).


Le personnage de Hye-Sun - tragique dans sa triste trajectoire existentielle - est celle qui retient le plus notre attention, car son écriture nous fait assez rapidement ressentir une réelle empathie à son égard.


Tandis que son père Suk-gyu nous semble quelque peu excessif, Ki-woong nous répugne plus ou moins de par sa lâcheté et ses geignements même si, il saura se racheter en fin de métrage...


Dans un environnement urbain où les forces de l'ordre sont totalement dépassées par les évènements (voir l'enclave des gens ordinaires, cernée d'une part par un barrage policier et d'autre part par la horde d'infectés vociférant, qui pourraient être une parabole sur les événements de Gwangju, en 1980), et seront bien vite démises de leurs responsabilités par l'appareil militaire qui tranchera dans le vif (comme à Gwnagju...), Hye-Sun trouvera brièvement une figure paternelle en la personne d'un SDF avec qui elle fera un bout de chemin (forcément semé d'embuches...carnassières).


Le tout finira avec une révélation finale assez violente et une conclusion tout sauf joyeuse...mais inéluctable.


Malgré l'écueil de l'animation aléatoire, Seoul Station a réussi à me surprendre et à me faire adhérer à ce film "zombiesque", d'où émerge le mal-être de la société Coréenne aux dehors pourtant plus reluisants.


Comme quoi, la réflexion peut même surgir d'un anime horrifique en surface.


Un grand moment...

Franck_Plissken
9
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le 24 avr. 2017

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