Police partouze

Dix ans après A moi seule, inspiré de l’affaire Natascha Kampusch, Frédéric Videau présente son nouveau long-métrage, le bien-nommé Selon la Police, et se frotte encore à un sujet très sensible. En faisant le portrait d’un commissariat toulousain pendant 24h, le film a ambition de dresser un état des lieux de l’institution policière et de son rapport à la société.

Évacuons la dimension artistique d’emblée, comme semble l’avoir fait le réalisateur, ici il est à peine question de cinéma. La forme est insipide, balbutiante en tous points. Entre la raideur de la mise-en-scène et les dialogues factices placés dans leur bouches, les comédiens sont cruellement desservis.

Ne nous leurrons pas, Selon la Police ne fera débat que sur son propos, à l’heure où la question policière clive la société. En présentant une galerie de personnages souffrant de leur condition de flic, Frédéric Videau met l’accent sur la dureté du métier, présenté comme parfois ingrat, parfois absurde, souvent destructeur. On pourrait arguer que le mauvais traitement d’un « client » arabe par des policiers sert de contrepoint à la thèse défendue. Or l’élément est si négligé, expédié sans commune mesure, qu’on comprend sans peine que ce n’est pas le sujet de Videau. Se faisant, le film ne propose qu’un exercice d’empathie envers les gardiens de la paix et enfonce des portes ouvertes. On ne trouve pas de réflexion sur l’institution qui dépasse les lieux communs, à l’heure où les velléités de la police se sont radicalisées.

Par conséquent, Selon la Police échoue à n’être qu’autre chose qu’un film à thèse au rendu factice qui, par sa naïveté, affiche une décennie de retard. L’époque réclame encore un film de flic à la hauteur de ses enjeux.