Réagir face à l’horreur

Nouveau fruit de la collaboration Sim Sung-Bo / Bong Joon-Ho (Memories of Murder), « Sea Fog » s’inspire d’un fait réel dramatique.

1998, Corée du sud, le capitaine Ciang (Kim Yun-Seok) tente tant bien que mal de maintenir à flot son activité de pêcheur sur son bateau vétuste, dans un contexte économique difficile. Menacé de banqueroute et rachat, il accepte finalement une mission pour laquelle il doit récupérer en pleine mer des clandestins en provenance de Chine. Tout l’équipage fidèle à son capitaine s’organise alors malgré tout. En parallèle, des liens se nouent entre le jeune mécanicien et une jeune réfugiée.

A la suite d’un pseudo-contrôle des autorités, un drame imprévisible survient, forçant alors le capitaine et son équipage à réagir, quitte à basculer dans l’horreur, l’inhumain.

Ce que j’aime dans le cinéma coréen moderne, c’est cette habileté à restituer des instants de vie « ordinaires » (parfois cocasses), à mettre en place un climat, une certaine tension, sans avoir besoin de recourir à des artifices ou une esthétique surfaite, des dialogues pompeux et des caractères et psychologies trop complexes.

Le film se balade donc entre mise en scène très réaliste de ce quotidien, petites préoccupations et revendications de chacun, pour enfin basculer dans la folie, flirtant avec la boucherie (la poissonnerie ici), en mélangeant ainsi les genres (drame, romance, horreur).

Cependant, bien qu’ayant été touché par cette histoire, il m’a manqué, tout comme pour « Memories of Murder », un petit je ne sais quoi (charge affective, émotions, charisme, rythme ?), pour que ce film me prenne vraiment aux tripes (notes de 8 et plus). Au final le soufflé retombe assez vite pour moi, même si cela reste un très bon film dans le genre.