Le film d'horreur, c'est pas facile. À notre époque, on tombe trop souvent dans le piège du screamer/slasher ultra-générique qui ne fait plus vraiment frissonner tellement c'est vu et revu (j'en parle ici). Mais alors dans ce cas, quelle est la solution ?
C'est simple : on n'en fait pas.
Que ceux qui pensent voir un film d'horreur à la The Thing passent leur chemin, car il n'en est pas vraiment question ici (même si le synopsis te le vend comme tel). J'ai plutôt tendance à y voir quelque chose de plus profond que ça (sans mauvais jeu de mot).
Dans ce film, on suit donc Siobhán, jeune thésarde en biologie comportementale et pas vraiment sociale qui embarque sur un chalutier pour bosser (quand on sait qu'elle n'aura même pas de poste en université à la clef, vue l'absence de place en fac en ce moment... Mais je m'égare). En pleine mer, ils sont heurtés par un animal marin inconnu, qui va être la source des problèmes à venir.
Évidemment, dis comme ça, on croirait à un film d'horreur, style huis clos au milieu de l'océan sans radio, sans personne alentour et avec une folie grandissante qui menace chaque membre de l'équipage. Et effectivement, ça commence un peu comme ça (on se tape même une scène assez gore et assez peu vue en général). Mais plus on avance et plus on part dans une direction plutôt inattendue.
D'accord, la bestiole (une sorte de pieuvre géante bioluminescente) a une méthode de reproduction assez peu sympathique (c'est un parasite), mais à aucun moment il n'est présenté comme un truc haineux envers la race humaine (un peu comme le serait la chose dans The Thing), plutôt comme une espèce animale qui cherche à survivre dans son environnement, et qui n'a hélas pas été gâtée à la naissance. C'est même dit à un moment.
À mon sens, c'est la plus grande force de ce film : exit le principe du Kalos kagathos qui dit que tout ce qui est moche ou repoussant est le Mal, ou le manichéisme qui permet automatiquement de distinguer le méchant du gentil. Ici, ni méchant, ni gentil, juste des êtres vivants qui essayent de survivre face à l'inconnu (et là je parle autant des humains que de la bestiole). Ce qui rend la fin très poétique (et la musique est jolie). Pour peu ça me ferait regarder Alien d'une autre manière.
Pour le reste, c'est plus que correct : les acteurs s'investissent à fond dans leur rôle et sont très convaincants, la mise en scène est discrète mais convenable, et la musique, sans être tonitruante, sait marquer sa présence. Le tout donne un film sans prétention, fait avec passion et sincérité, qui ne va pas forcément chambouler le cinéma en général mais reste une expérience tout à fait agréable.
Et nomdedieu, qu'est-ce qu'elle est belle Hermione Corfield, avec sa petite bouille désemparée et son regard bleu innocent...