Véritable renaissance.

Disons-le d’emblée, « Scream VI » rattrape l’énorme déception procurée par le précédent volet. Un épisode 5 sobrement baptisé « Scream » comme l’original mais dont il n’avait que les gênes les plus mauvais. Sorti d’outre-tombe douze ans après le précédent et censé relancer la franchise, il se fondait dans la nouvelle mode hybride qui voit les suites se marier aux reboots de manière à rameuter aussi bien les nostalgiques de la saga initiale que de nouveaux adeptes issus des nouvelles générations. Pour beaucoup de puristes et de fans inconditionnels de la trilogie initiale (et même du quatrième opus un peu orphelin au milieu), ce fut la douche froide tant tout y était peu concluant. Meurtres basiques et peu originaux (dont certainement l’entame la plus nulle de la saga), cadre banal et personnages peu attachants en plus d’un manque criant de suspense, ce n’était vraiment pas terrible. Cependant, le succès fut tout de même au rendez-vous, ce qui a donc amené les producteurs à lancer cette nouvelle suite.

Et bien disons que ce cinquième épisode n’était qu’un brouillon, car là on passe clairement à la vitesse supérieure en plus de passer un très bon moment de divertissement, comme si le précédent n’était que le passage obligé pour faire le liant entre les générations. Et le duo de réalisateurs à la barre semble bien plus à l’aise ici à tous les niveaux. De l’écriture du script à la dynamique entre les acteurs, de la manière habile de revisiter la mythologie « Scream » à l’innovation dans les mises à mort en passant par le sens du suspense et de la mise en scène, c’est bien plus accompli et fidèle à ce qu’on peut attendre d’un nouvel épisode. Ce « Scream VI » est non seulement parfaitement maîtrisé sur les plus de deux heures qu’il dure (un record pour la franchise et juste quelques temps morts en milieu de bobine) mais il s’avère en plus très inventif et ludique. Il faut le voir non pas comme un film d’horreur (cela fait bien longtemps que ce genre de film ne fait plus peur) mais comme une sorte de Cluedo mêlé à un Escape Game, auquel le spectateur se gargarise de références cinématographiques et de fan service de manière complice.

On passera la grosse faiblesse du film qui s’avère être sa conclusion bien trop abracadabrantesque. En effet, elle pousse le bouchon de l’invraisemblable un peu trop loin, que ce soit dans la cohérence de la révélation du ou des tueurs ou le côté increvable des personnages malgré moultes coups de couteaux ou autre. Même si on sait le slasher comme un sous-genre de l’horreur très permissif à ce niveau, là le réalisme a pris congé et le final y va un peu fort. En revanche, on adore la scène d’ouverture, probablement la meilleure de la saga avec l'original, par son côté poupées russes ultra inventif. Ensuite, il y a ce côté récapitulatif de toute la saga, fondu dans l’intrigue qui très bien négocié et fait vibrer avec force et fracas la fibre nostalgique des fans de la meilleure des façons. Puis, comme un miroir de « Scream 3 » qui se déroulait à Los Angeles, cet épisode prend place à New York. Et si la ville aurait pu être utilisée de manière plus pertinente optimale, cela lui donne un sacré coup de neuf dépaysant. Enfin, le tueur et les mises à mort sont bien plus sadiques et la séquence du métro comme celle de la supérette sont très bonnes. Pour couronner le tout, les personnages sont bien plus creusés et attachants, notamment la bande des quatre... Bref, une plutôt bonne surprise même si le culte des premiers n’est pas encore atteint.

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