« Ils reviennent toujours » mais pas toujours pour le meilleur

Après un Scream 1 qui a su convaincre le public, moi inclus, de sa formule mêlant la comédie et l’horreur en brisant le quatrième mur très souvent, une suite directe voit le jour. « Les suites c’est un sous-genre en soi, » le film peut bien le dire, il n’empêche que c’est une suite purement et simplement, qu’il l’assume ou non, et moi ça me va très bien. Il n’y a pas de honte à être une suite, à la condition que ce soit pertinent et réussi, est-ce le cas pour Scream 2 ? La critique pour le savoir étant longue, je vous propose l’écoute du thème de Dewey pendant la lecture.


L’introduction est sans doute la partie la plus réussie du film : on reprend l’idée d’intégrer les films d’horreur au récit en allant jusqu’à inclure scénaristiquement le premier film dans l’intrigue. C’est assez fascinant à regarder pour saisir ce qui se passe, parce que nous spectateurs regardons des acteurs de Scream 2 regarder Scream 1 qui commentent le film en lui-même et les événements scénaristiques qui sont le point de départ de l’intrigue de Scream 2. Vous suivez ? Et c’est superbement fait dans cette scène.


Il y a absolument tout ce que j’aime dans un Scream dans cette intro : l’auto-critique sur les clichés habituels (écriture, mise en scène, public...) du cinéma d’horreur qu’on aime quand même, une critique de fonds sur la représentation des femmes et / ou des noirs au cinéma, une musique dantesque pour magnifier ce qui se passe, une réalisation aux petits oignons pour faire grimper la tension crescendo, une mort brutale qu’on ne peut pas voir venir... Malheureusement, le reste du film n’est pas aussi génial mais on va y revenir ici et là.


Des bonnes idées dans la mise en scène reviennent par moment : la vitre qui isole des sons de l’autre côté, le huit clos dans la voiture avec Ghostface évanoui ou peut-être pas, le théâtre avec tous ses accessoires et son décor... Les mises à mort restent simplistes mais il y a tout de même un petit effort de fait pour que ça ne soit pas juste une poursuite dans un couloir qui se conclut avec un coup de couteau systématiquement. Le film évite également l’écueil de la surabondance de violence et de gore par rapport à son prédécesseur.


Encore une fois, le film porte aussi un message sur le cinéma d’horreur et son impact sur le public avec une réflexion menée sur le lien qu’on peut, ou non, établir entre la violence et l’horreur présentée comme spectacle divertissant, sur sa récupération politique, sur l’importance même de ce débat... Et ça le fait sans alourdir le récit, sans trop orienter la réflexion, sans être particulièrement moralisateur... C’est assez rare pour être souligné quand il en est question dans les dialogues d’un film.


La composition musicale de Marco Beltrami est encore une fois efficace même si je préfère très légèrement celle du premier film qu’il avait également composé et c’est un peu dommage pour le compositeur que ce soit le morceau de Hans Zimmer, assez inspiré de l’OST de Broken Arrow, qui soit celui qui retienne le plus l’attention, celui que je vous propose au début par ailleurs. Sinon, ça arrive toujours autant à soutenir la tension ou à l’inverse relâcher la pression quand il y en a besoin et c’est le plus important.


Syd est fidèle à elle-même, dès sa première apparition elle reste parfaitement calme face à une menace téléphonique et après ça elle continue d’être l’excellente final girl telle qu’on la connaissait. Elle porte à nouveau le film quasiment à elle-seule et ce n’est pas pour rien qu’elle reste au centre de l’intrigue. C’est clairement une solution de facilité pour une suite, qui aurait pu prendre le risque de mettre l’accent sur un autre personnage, mais au moins c’est réussi de par l’écriture du personnage et l’interprétation de son actrice.


Je trouve par contre que le film essaie peut-être un peu trop de rendre ses actrices principales, Neve Campbell mais aussi Courteney Cox, plus sexy au niveau du maquillage, des coiffures... Je préfère le côté un peu plus naturelle et authentique du premier film sur ce point. Mais ça reste léger, il n’y a pas non plus de passage ultra racoleur qui ferait tâche, on en est encore loin. C’est pas du tout là que j’aurais de vrais reproches à faire. Rien que du côté du casting, si Neve Campbell assure toujours autant, c’est pas le cas de tout le monde.


On retrouve des acteurs amateurs toujours autant dans le surjeu quand d’autres acteurs plus talentueux ne sont pas assez inclus dans l’intrigue. Sarah Michelle Gellar, connue pour son rôle de Buffy dans la série TV éponyme depuis déjà quelques mois, est le parfait exemple d’actrice beaucoup trop sous-exploitée. Elle qui serait parfaite pour jouer une final girl, une tueuse... n’obtient qu’un rôle secondaire ici qui m’a un peu déçu vu comment elle est présente dans la communication autour du film, ne serait-ce que sur l’affiche.


J’ai moins apprécié l’aspect thriller du film, s’il y avait plein d’options possibles pour relancer la tuerie et l’enquête sur elle, c’est une option finalement assez basique qui est retenue par le scénariste. Ça manque d’audace et d’impact à mon sens, le premier film s’en sortait mieux mais en même temps il avait pour lui l’effet de surprise. Pour parler plus en détails de la question je vais être obligé de spoiler :


La mère de Billy qui arrive de nul part et le copier-coller des tueurs précédents c’est vraiment pas une idée originale, ça repend beaucoup de ce qui se faisait avant et plein d’autres théories possibles auraient été plus intéressantes à mon sens. De plus, avoir attribué l’identité des deux tueurs à des personnages aussi secondaires et quasiment osef fait que le twist manque d’enjeu à mon sens. Ça ne change pas grand chose à Syd qu’un copain parmi d’autres et qu’une mère timbrée la traquent alors que son petit ami avec qui elle venait de coucher pour la première fois soit celui qui ait tué sa mère ça c’était quelque-chose.


Je trouve aussi que le film manque d’audace dans la mort de ses personnages qu’il réserve à des persos secondaires mais qu’il épargne un peu trop miraculeusement ses protagonistes comme Dewey et Gale. Alors qu’on venait de s’attacher à eux et à leur relation, leur mort était un enjeu dramatique intéressant qui tombe évidemment à l’eau quand tous deux s’en sortent à la fin du film beaucoup trop facilement. Ça fait donc au final pas mal de choses que je reproche au scénario comparé au premier Scream.


Une suite qui répète les qualités de son prédécesseur mais avec un peu moins d’audace et d’inventivité, il semble que Scream 2 soit tombé dans le cliché qu’il dénonce pour s’en défendre lui-même. Dommage, parce qu’entre la mise en scène, la musique, l’actrice principale, le discours sur le cinéma... il y a vraiment de bonnes choses qui en font un film avec du potentiel mais c’est insuffisant pour que ce soit une réussite. Mais c’est toujours mieux que Scream 3.

damon8671
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le 16 juin 2018

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damon8671

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