C'était mon premier legs pour l'humanité toute entière via SensCritique. Et quelques années plus tard, je peux encore défendre Scott Pilgrim. Ayant bouffé pendant plus de vingt les références culturelles des autres, la perspective d'aller voir un film - possiblement merdique - mais avec MES références (1) aussi douteuses soient-elles m'avait convaincu. Je n'avais pas lu la version papier, je ne connaissais pas le curriculum de Michael Cera passé deux ou trois films et je n'avais personne à qui dire d'un air victorieux que j'avais vu ce film en particulier. Mais voilà, les références et une bande annonce amusante.
En 2010 mon critère de jugement pour un film s'est simplifié et n'a pas beaucoup bougé depuis : quelques jours, quelques semaines après en avoir vu un, y'a-t'il quelque chose du film qui me reste dans la tête (pour de bonnes raisons, hein, sinon la plus récente trilogie Star Wars serait un chef d'oeuvre).
Pour Scott Pilgrim, le test fonctionne. Si l'histoire flirte avec le simplet, l'humour (de situation) est excellent et les personnages sont attachants. Bien sûr, pour accrocher à une histoire d'amour basé sur un coup de foudre improbablement réciproque et finalement assez terne, il faut être un romantique désespéré ou juste être trop jeune. Mais encore une fois, l'humour et le décalage constant du film en ont fait un moment très agréable à passer et un certain plaisir après plusieurs visionnements du dividi que j'ai évidement acheté.
Je ne suis pas sorti plus intelligent qu'à l'entrée, ni avec des souvenirs impérissables, mais j'en ai encore un vague sourire des années plus tard.
Avec le recul, je suis content de ne pas avoir lu le manga d'abord - le chemin inverse vaut mieux - et d'avoir esquivé les discussions sur le casting de Cera par exemple. Le film doit dealer avec le fait que Scott Pilgrim est globalement un petit connard au début de l'histoire, et pour que le spectateur accroche il fallait le rendre plus attachant, d'où l'usage de la tête de piaf à Cera. Et ce fut le bon choix. A ma connaissance, toutes les trahisons à l'original ont été faites dans le bon sens et on renforcé le film en tant qu'objet indépendant des autres supports (par exemple, je préfère la fin alternative qui fait plus de sens dans la logique interne du film, alors qu'elle serait hors-propos dans le manga). Le manga, quand à lui, à le mérite de creuser plus loin dans la notion de l'adulescence, dans la relation entre les personnages principaux et patati patata, mais le film se tient fièrement tel un phallus érigé pour faire rire les adolescents et soupirer les gens raisonnables (ce qui indique clairement dans quel camp je me tiens).
(1) tout Nintendo via Zelda par exemple, les pochettes de films d'action des années 90, la gameboy et j'en passe. C'est pas l'énumération qui importe, c'est l'esprit geek, sans forcer la chose.