Scènes de ménage est un film à sketchs qui adapte trois pièces de Georges Courteline, avec des transitions assurées par Marcel Achard. Ce qui fait, on s'en doute, que point de vue dialogues, c'est un régal pour les oreilles ainsi que l’esprit. C'est le point fort du tout avec la distribution.


Heureusement d’ailleurs, car quand on voit le nom d’André Berthomieu à la réalisation, un de ses innombrables et oubliés (ce qui est mérité !) tâcherons ayant peuplé le cinéma français des années 1930 aux années 1960, il ne faut absolument rien attendre d’un minimum créatif en ce qui concerne la mise en scène.


Et, en effet, l’ensemble n'essaye pas du tout de s'éloigner du plat théâtre filmé, ne sort pas d’une forme paresseuse (la qualité globale ne s'appuyant que sur les dialogues et les interprétations !). Pour ce qui est des rajouts inutiles (du type musical, lors des transitions, ou encore l'introduction autour d'Armand Fallières, principal locataire de l’Élysée de 1906 à 1913 !), n’ayant rien à voir avec les intrigues principales, ils semblent être là uniquement pour faire durer le film plus d'une heure.


Durant la Belle Époque, trois femmes, dans un salon de thé, raconte chacune une anecdote qui leur est arrivée avec leur époux...


Premier sketch : de retour d'une soirée, l'époux d'une des trois femmes, particulièrement colérique, engueule son épouse parce qu'un officier lui a fait des avances. Mais la femme est beaucoup plus amusée que terrifiée de la situation, car si elle connaît le caractère colérique de son époux, elle sait aussi que la pleutrerie l’emporte largement chez lui...


On peut parler d'un véritable numéro pour Bernard Blier, très drôle dans le rôle d'un lâche qui ne s'assume pas, ayant une capacité extraordinaire à trouver toutes les justifications du monde pour ne pas se lancer dans un affrontement physique tout en criant le vouloir. Si Sophie Desmarets lui donne bien la réplique, c'est incontestablement lui qui se taille la part du lion, donnant les meilleurs moments de tout le film. Non, mais sérieux, je vais vous confier un secret que vous ne répéterez pas, d’accord ? Pour moi, Bernard Blier (exceptionnel dans tous les registres !) est le deuxième plus grand acteur comique français de l’histoire après Louis de Funès. A chaque fois que je lis son nom au générique d’une comédie, c’est sûr et certain que je vais me marrer grâce à lui. Et ici, ce n’est pas l’exception qui confirme la règle.


Deuxième sketch : un journaliste cynique décide de donner une amende à son épouse à chaque manquement de cette dernière. Après avoir essayé, sans succès, différentes méthodes, sa femme va utiliser la tactique de la douceur pour le faire changer d'avis...


Ce sketch est un peu long et un peu trop bavard. C'est peut-être une trop grande répétitivité qui injecte cette impression. François Périer qui n’est pas un manche dans le registre de la comédie et assène avec brio ses répliques, souvent savoureuses. Je ne vous spoile pas qui va gagner le duel, car c'est inévitablement prévisible.


Troisième sketch : un pique-assiette a décidé de squatter deux à trois fois par semaine les repas du troisième couple. Celui-ci décide de simuler une dispute particulièrement violente pour se débarrasser définitivement de l'intrus...


Dans ce troisième et dernier morceau, Louis de Funès apparaît d’une manière assez importante en termes de temps de présence. Avant 1954, il se contentait de faire son trou une ou deux minutes par-ci par-là. C’est quand même au cours de cette même année qu’il joue dans Ah ! les belles bacchantes (dans lequel, il faut bien l’avouer, il chaparde sans pitié la vedette à tous ses partenaires… pourtant loin d’être des branquignols… OK, je sors !) et qu’il tient la dragée haute à la vedette Fernandel dans le sketch le plus réussi et mémorable du Mouton à cinq pattes (ce qui est dû, en bonne partie, à un savoureux numéro de croque-mort sinistre de la part du futur Gendarme !). Là, dans Scènes de ménage, il reste quand même un peu retrait par rapport à celle qui joue son épouse, Marthe Mercadier, particulièrement déchaînée alors que lui est nettement plus retenu. Ce qui ne manque d'ironie par rapport à la suite de son exceptionnelle carrière lors de laquelle, c’est lui la boule explosive imposant son tempo.

Créée

le 11 févr. 2023

Critique lue 74 fois

11 j'aime

6 commentaires

Plume231

Écrit par

Critique lue 74 fois

11
6

Du même critique

Babylon
Plume231
8

Chantons sous la pisse !

L'histoire du septième art est ponctuée de faits étranges, à l'instar de la production de ce film. Comment un studio, des producteurs ont pu se dire qu'aujourd'hui une telle œuvre ambitieuse avait la...

le 18 janv. 2023

286 j'aime

19

Oppenheimer
Plume231
3

Un melon de la taille d'un champignon !

Christopher Nolan est un putain d'excellent technicien (sachant admirablement s'entourer à ce niveau-là !). Il arrive à faire des images à tomber à la renverse, aussi bien par leur réalisme que par...

le 19 juil. 2023

209 j'aime

29

The Batman
Plume231
4

Détective Batman !

[AVERTISSEMENT : cette critique a été rédigée par un vieux con difficile de 35 piges qui n'a pas dû visionner un film de super-héros depuis le Paléolithique.]Le meilleur moyen de faire du neuf, c'est...

le 18 juil. 2022

137 j'aime

31