Eloge de la surimpression

Sauve qui peut (la vie) est l'un des rares films de Godard que je n'ai pas apprécié, peut-être faudra-t-il que je le revois ? Godard revenait avec ce film au cinéma dit "commercial" après sa parenthèse avec le groupe Dziga Vertov et une période où il a été très actif politiquement et très engagé. Si j'ai été déçu par le film, cette sorte de note d'intention est quant à elle passionnante. Dans les années 80 Godard réalisé ce genre de court métrage sur les films qu'il faisait, on en a eu sur Je vous salue Marie, sur Passion et là sur sauve qui peut (la vie).

Et c'est fabuleux d'arriver à faire ça, d'arriver à mettre en image ses intentions, que ça ne soit pas juste des mots inutiles sur du papier où de toute façon personne ne comprendra car il faut voir, il faut sentir pour comprendre. Là il travaille sur la surimpression, le ralenti... Et j'ai saisi là l'essence de ce que j'aime dans la période plus contemporaine du cinéma de Godard, cette capacité à prendre une qualité d'image vraiment laide, de la ralentir, de surimprimer un autre truc par-dessus... Il dit d'ailleurs que l'écrit en occident c'est horizontal, comme la mort. J'aime beaucoup comment il trouve ses analogies...

Il dit que comme ça on a le temps de voir... On n'est pas dans un ralenti tape à l'oeil, la qualité médiocre de l'image joue pour beaucoup, on n'a pas un ralenti fluide, il saccade, permettant ainsi de voir chaque image comme une brève photo éphémère.

C'est donc à voir, c'est beau, ça peut être vu indépendamment de Sauve qui peut (la vie) et ça explique sans didactisme, sans abrutir, ce que fait Godard... ça pourra être utile à certains.