"Il nous désire, c'est normal".

On ne cesse d'entendre des langues se délier, de voir des secrets sordides sortir des tiroirs et de prendre conscience des abjections qui nous entourent. Mais pour que cela se produise, encore faut-il que des personnes s'arment d'un admirable courage et affrontent leurs démons. C'est ce dont parle Scandale de Jay Roach.

A travers le prisme de trois femmes, journalistes chez Fox, Scandale retrace les faits qui ont remué la chaîne en 2015-2016. Après avoir été remerciée, Gretchen Carlson porte plainte pour harcèlement sexuel contre le directeur et co-fondateur de Fox, Roger Ailes. Entre révélations, esclandre médiatique et questionnement moral et intime, l'heure de sortir du silence est venue.

Fort de son message, Scandale est un film important. Évidemment, il ne révolutionne pas les procédés cinématographiques, mais il met à l'honneur cette volonté de briser les omertas qui régissent nos sociétés.

Porté par trois actrices flamboyantes (Nicole Kidman, Charlize Theron et Margot Robbie), qui savent jouer du regard, Scandale sait se faire clinique, avec ses plans fixes, faisant des spectateurs les témoins des mensonges, des rouages d'une mécanique bien huilée et des abus. Mais il sait aussi prendre le temps d'aborder les doutes intimes, les non-dits et les douloureuses, et encore vives, blessures, sans entrer dans le mélodrame. Il sait également regarder plus avant, tout particulièrement à travers ces femmes, ces mères qui agissent pour leurs filles, pour demain, sans manquer de rappeler que le chemin à parcourir est encore long, puisque ces grands manitous valent plus que les traumatismes laissés par des centaines de gestes et propos déplacés.

Scandale est donc un film à voir par toutes les adolescentes, tous les adolescents, toutes les femmes, tous les hommes pour encore et toujours faire évoluer les moeurs, dissoudre les craintes et supprimer ces principes arriérés... "Roger est un homme, il nous désire, c'est normal", tout est dit.