Quand on a peu goûté son film L'Arnaqueur avec Paul Newman, pourtant considéré par beaucoup comme le chef-d’œuvre de son réalisateur Robert Rossen, il peut être difficile d'appréhender Sang et or correctement. Mais après avoir lu certaines des critiques les plus négatives sur ce fameux film de boxe matriciel, on se dit qu'il ne vaut mieux pas en attendre monts et merveilles et on fait bien. Ainsi, peut-on voir le verre à moitié plein. Car Sang et or n'est pas complétement réussi, il a les défauts de son époque : un script trop séquencé qui marche par "à-coups". Difficile à qualifier mais sa structure rappelle les one-man-show ou les sitcom, avec gag et rire obligatoires toutes les 30 secondes. Dès lors, il devient très difficile de développer les personnages secondaires, de leur donner plus de profondeur que le cliché ou l'émotion monocorde qu'ils incarnent (le traître, la manipulatrice, la gentille épouse, le meilleur ami, le promoteur véreux, la bonne mère...). On ne dérive jamais du programme, aucun chemin de traverse, aucune scène annexe jugée d'office inutile donc expurgée. Le film manque donc de respiration, d'émotion sincère, va parfois trop vite ou trop lentement. Tout y est surligné au stabylo, grand mal de l'époque, du surjeu des acteurs jusqu'aux violons de la bande originale.
Heureusement le héros est parfaitement incarné par John Garfield et le noir et blanc de James Wong Howe est absolument splendide, une pure merveille (c'est franchement beau). On peut aussi confirmer le côté matriciel de ce Sang et or, dont le principe et les mécaniques seront repris dans bon nombre de films du genre avec plus ou moins de talent mais en le dépassant assez souvent, tout de même. Une découverte intéressante, en tout cas.