Film picaresque qui voit une ville cruelle et violente, Bombay, se refermer sur un enfant qui essaie d'y trouver un semblant de foyer, Salaam Bombay n'est pour autant pas une adaptation de Dickens dans un contexte indien actuel.


En effet, le film montre évidemment la condition très précaire des gosses des bidonvilles, mais aussi leurs moments de bonheur : de petits délires en écoutant de la musique, un jeu avec les ombres des bougies pendant une coupure de courant, la vitalité de la vie des rues...


Surtout, le film, qui pourrait donner l'impression par sa structure de petites saynettes qui s'enchaînent, cache une mécanique implacable. Dans cet environnement où tout le monde vit entassé les uns sur les autres, chaque action a des répercussions sur la vie de tout le monde : si un maquereau se défait d'un de ses acolytes, cela va rejaillir sur l'emploi de son ami, entraînant une spirale descendante dans son entourage.


On voit aussi des hiérarchies sociales invisibles, mais mouvantes, comme la scène où le patron du bordel, Baba, pour épater une touriste américaine, veut faire un tour avec son acolyte Chillum, et que celui-ci se moque, après que la brutalité de la scène a fait fuir la touriste. Chacun lutte pour trouver une illusion de stabilité dans un univers mouvant où l'on ne peut rien garder sans prendre le risque d'en être rapidement dépouillé à la défaveur d'un moment d'inattention.


J'aime beaucoup la photographie, avec des couleurs vives, des contrastes affirmés et une image nette, sans grain. Le découpage est aussi très bon, alternant des plans d'ensemble brossant le contexte social et des plans rapprochés poignants. A noter un casting très photogénique, qui sait cependant mettre le nez dans la misère, avec son lot de corps squelettiques et autres épaves.


La musique pop aux consonances indiennes, avec de la basse grasse, est très agréable à écouter.


La réalisatrice Mira Nair a réalisé un tour de force avec Salaam Bombay !, qui me parle plus que le démonstratif Slumdog millionnaire, car il reste à hauteur humaine, et délivre un message amer, presque noir, mais aussi une grande beauté.


Synopsis
Le jeune Krishna est envoyé chercher du bétel par son patron, un chef de cirque. Lorsqu'il revient, le camp temporaire a disparu. Avec l'argent, il part en train pour Bombay. Un petit mendiant, Chaipau, lui vole son bétel, il le suit. Il devient porteur de thé. Il rencontre une belle jeune fille de 16 ans, qui arrive en voiture, et dont il tombe amoureux. Elle doit devenir prostituée contre son gré, et étant vierge, elle vaut cher. Krishna veut gagner 500 roupies. Il vole un poussin et l'offre à la fille. Un vendeur de gandja, Chillum, le prend sous son aile. Krishna met le feu au lit de la jeune fille, pour l'aider à s'enfuir, mais ils se font rattraper. Krishna fait rédiger une lettre à sa mère par un écrivain public, mais ce dernier la jète une fois qu'il est parti, car l'adresse est fragmentaire.


Baba, le patron du bordel, chasse Chillum après un différend. Sans argent, Chillum commence à dériver, à mendier de l'argent à Krishna. Chacha, le vendeur de thé, renvoie Krishna. De dépit, ce dernier participe au détroussage d'un vieux propriétaire. Chillum meurt. Krishna ne retrouve pas son argent dans sa cache : le drogué lui a tout pris avant de mourir d'overdose. Les garçons font serveurs dans les mariages de riche, mais Krishna et Manju se font ramasser par les flics en sortant. Le flic, pourri, dépose Krishna en maison de correction, une vraie cour des miracles. La mère de Manju ne peut récupérer sa fille à cause de son métier de prostituée. Krishna, de son côté, tente et réussit une évasion. La jeune vierge part avec un acheteur, et Krishna poignarde Baba, qui essaie de retenir la mère de Manju. Mais ils sont séparés par une manifestation religieuse.

zardoz6704
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le 29 févr. 2020

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