Le lynchage par réseau social interposé, surtout quand il intervient a priori et sans qu'aucune image du film ne soit tombée, ce n'est pas mon truc. Pas plus que la nostalgie qui pousse à hurler à la lune dès que l'on touche au lointain objet incertain d'une dévotion. Surtout que cette nostalgie du S.O.S. Fantômes original, je ne l'ai pas. Non pas que le film soit mauvais, loin de là, mais je le considère seulement comme un film sympa, sans plus. Et que je n'ai pas vu depuis un bail, par dessus le marché.


Je n'attendais donc rien quand je suis allé voir ce Ghostbusters cuvée 2016. Sans haine, sans appréhension, sans bave au coin des lèvres.


Si l'introduction n'est pas trop mal emballée et semble convoquer l'esprit (es-tu là ?) de l'original, peu à peu, on sent néanmoins que le film sombre. Lentement. La faute, sans doute, à un sacré changement dans la formule que les exécutifs espéraient gagnante. Croyant sans doute qu'aligner clins d'oeil et caméos suffisait pour montrer sa déférence au film de 1984, S.O.S. Fantômes se permet de lire, dans le bouquin de cuisine, la recette à l'envers et de doubler la quantité des principaux ingrédients. Au point de passer d'une comédie fantastique à une sorte de pochade poussive légèrement teinté d'un au-delà de gondoles de promo de supermarché. Et de transformer le film en moyen de servir la soupe à la branche féminine d'un Saturday Night Live par trop exubérant et surligné à plusieurs reprises dans ses tentatives d'humour.


Car là est le premier problème, et non le moindre, de ce S.O.S. Fantômes new look : les trois quarts de la team en font trop (Melissa McCarthy, Kristen Wiig) ou s'avèrent gonflants et à baffer (Leslie Jones). Ne servant jamais le récit, presque toutes les actrices se contentent de faire leur numéro solo qui tombe bien souvent à plat, voire qui afflige pour les plus ratés. De cette juxtaposition de capacités très hétéroclites, seule la ravissante Kate McKinnon surnage en dessinant un personnage immédiatement sympathique et nageant à contre courant, fonctionnant à l'économie d'effet pour un résultat tout aussi décalé que séduisant, cependant éclipsé parfois par d'autres (Leslie Jones, encore) bien plus lourdingues et tout en gesticulations vaines et en vannes rances. De la même manière, c'est Chris Hemsworth, bien que sous exploité, qui tire son épingle du jeu dans un rôle totalement crétin mais à l'humour qui fait enfin mouche.


S.O.S. Fantômes est donc avant tout conçu comme un véhicule pour l'humour des actrices qu'il met en scène, repoussant de facto l'aspect fantastique du film au second plan. Alors même que le film contient le nom "fantômes" dans son titre. Un comble.


Et pourtant, peut être valait-il mieux que cela soit ainsi car, quand le paranormal déboule à l'écran (très rarement), on ne peut s'empêcher de sourire intérieurement et de penser que les ectoplasmes mis en scène ne dépareraient pas dans un épisode des enquêtes de Scoubidou, ou de sa seconde adaptation live Les Monstres se Déchaînent. Car entre des spectres sapés victoriens tout en reflets verts et un gentil dragon faisant irruption dans un concert rock, et vert lui aussi, il n'y aura pas grand chose à se mettre sous la dent, malheureusement. Jusqu'à un climax qui ressemble furieusement à une parade électrique d'Halloween de Disney Land Resort Paris. Et en guise de grand méchant, atteint de l'habituel syndrome du gigantisme des films pop corn estivaux, on fera évoluer un gros machin qui hésitera, dans sa représentation, entre le polochon géant et la chaussette sale. Bien loin du méchant iconique connu de tous.


Le scénario, enfin, se révèle sacrément poussif, bardé de facilités et de protagonistes sortis de nulle part (le maire et sa clique, les agents...) tout en faisant évoluer un méchant anti charismatique au possible et au plan quelque peu nébuleux (en quoi sa mort sert-elle ses intérêts ?).


S.O.S. Fantômes, sans être l'innommable purge dénoncée depuis des mois, ne parvient donc jamais à s'inscrire dans les pas de ses aînés, encore moins à faire revivre le spectre de la simple comédie fun et divertissante. Lisse, consensuel et totalement ripoliné dans son approche fantastique, il ne manquerait plus qu'un gros chien un peu neuneu apparaisse pour mener l'enquête...


Behind_Ouh Sammy ! J'ai peur !_the_Mask.

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le 13 août 2016

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