Paul Michael Glaser aime cracher dans la soupe, ce n’est pas parce qu’on a joué dans une des séries emblématiques des années soixante-dix qu’on n’a pas le droit de mépriser la télévision, et d’ailleurs, je ne peux pas le lui reprocher…

Le problème c’est que le discours est asséné avec la délicatesse d’un gavial devant son dentiste, une sorte de sous-Verhoeven sous-Carpenterisé sans ce qu’on aime chez les deux cancres…

Alors oui, ça aurait pu être chouette comme tout la mise à sac de notre futur dystopique gangrené par la télévision et les résurgences du monde antique, le problème, c’est qu’il faut penser à donner du contenu à tout ça, raconter une histoire un peu plus fouillée que ce lointain souvenir d’un Stephen King pourtant déjà médiocre, écrire des dialogues qui vont au-delà des punch-lines embarrassantes semi-parodiques et surtout poser des personnages un peu mieux construits que le présentateur TV auto-critique, le débile obèse électrique, le bridé glissant, le tronçonneur des lilas ou le bodybuildé enflammée qui disparait de toutes façons presqu’aussi vite qu’il arrive…

C’est pas faute pourtant de laisser place à tous les quotas possibles et imaginables aussi bien chez les gentils que chez les méchants, mais faut croire que ça ne suffit pas à faire un casting digne de ce nom…

Si on oublie le bon Yaphet Kotto dont la bedaine passe très mal le test de la tenue acrylique ultra-moulante, il ne reste vraiment que ce bon Arnie à se mettre sous la dent et je ne sais pas si ça peut suffire à faire un film…

Arnie le soldat humaniste rebelle, Arnie le barbu évadé, Arnie le cigare aux lèvres, Arnie qui fait des promesses, Arnie en moule-bite jaune, Arnie en chemise hawaïenne…

Peut-être qu’en fait, essayer de prouver didactiquement que la télévision est un spectacle violent et abrutissant pour lobotomiser le bas-peuple avec un film violent et abrutissant ce n’était pas l’idée du siècle…

M’enfin, c’était quand même moins mauvais que Hunger Games, ne nous plaignons pas…

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le 8 janv. 2014

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Torpenn

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