Rubin & Ed
Rubin & Ed

Film de Trent Harris (1992)

La critique qui suit date, mais j'avais envie de laisser ma trace sur la fiche de ce film totalement inconnu. De toute façon personne ne viendra lire. Spoilers ahead, en plus.


Comment j'ai découvert ce film pour le moins obscur ?
Il a beau avoir ses quelques fans à en croire les forums IMDB, et avoir Crispin Glover au casting, je ne l'aurais jamais trouvé si, après mon visionnage régulier sur youtube de l'extrait où Glover danse de façon si étrange dans Vendredi 13 chapitre final, je n'avais pas cliqué sur une autre vidéo à côté nommée "Crispin Glover Has A Dead Cat In His Freezer". J'ai donc cliqué, c'était marrant et bizarre, et j'ai décidé de regarder le film, vu qu'il a une assez bonne note sur IMDB, d'au moins 7/10. Je me suis procuré presque immédiatement le film, comme pour me forcer à le voir, car je savais que je ne le ferai pas autrement.
Je suis aussi tombé sur une vidéo "Crispin Glover Stomps on a Dog" juste après, mais ce film là a l'air naze.

Alors ça parle de quoi ? Crispin Glover est un taré psychopathe ? C'est ce qu'on pourrait facilement croire, à le voir avec des lunettes et une perruque tous deux féminins et de mauvais goût. Il a un côté Psycho, surtout qu'il a une mère autoritaire, aucun ami, et qu'il se met des fois en colère de sorte à ce qu'on croit s'apprêter à le voir entrer dans une folie meurtrière.
Mais non, le film ne prend à aucun moment cette voie là, et choisit plutôt de faire simplement dans l'humour absurde, et c'est ça qui explique le look et la personnalité de Rubin. Au passage, ce qui est amusant c'est de voir qu'il a les mêmes intonations et la même gestuelle que dans Back to the future.
Dans Rubin & Ed, on peut d'abord voir une envie de dresser un portrait corrosif de la société, où l'absurdité de certains jobs et activités ramène à la sottise encore plus grande des gens qui les acceptent, que ce soit une femme qui dit qu'il faut faire de l'exercice car se forcer à faire ce qu'on ne veut pas c'est bien et qu'on finit mal quand on fait ce qu'on veut, ou son mari qui est un éternel loser qui pense remonter la pente en suivant un séminaire. On lui y martèle des slogans pour bien qu'ils rentrent dans son crâne et lui lavent le cerveau, et ce qui est marrant c'est qu'on lui demande "who are you ?" (ce qu'il note sur son carnet), tout en imposant la réponse : un très bon vendeur immobilier ! La parodie de ce genre de séminaire conformateur m'a amusé, ce genre de "programme miracle" pour embobiner les gens, où le type ici dit qu'on n'obtient pas le succès avec un job, mais leur programme pour être agent immobilier.
Dans le même genre, plus tard, Ed défend Andy Warhol face à Ed qui dit que c'est un imposteur, en lui répondant que ce n'en est pas un car il est connu. C'est plutôt juste par rapport à ces bêtises qui font qu'on considère quelque chose comme de l'art ou non, même si personnellement j'aime bien Warhol.

Ci-dessus sont les quelques moments du film un peu plus éclairés que le reste, si on peut dire ça concernant une comédie pareille, car ce n'est quand même pas ce qu'il y a de plus subtil déjà, et la plupart du temps Rubin & Ed fait dans l'absurde totale, vraiment dénué de sens.
En vrac : Rubin qui s'en prend à des adversaires en balançant ses chaussures à talons hauts, un homme qui aboie, Rubin qui fantasme sur une pin-up à son mur puis regarde la photo d'un chat bizarre, et Rubin qui danse sur du Gustave Mahler tout en faisant couiner une souris en plastique... Par ailleurs la musique, vraiment bien, de Malher est utilisée plusieurs fois au cours du film, presque autant que la bande-son amusante que je pourrais qualifier de "gaguesque" et "burlesque" qui m'a marquée depuis le générique de début.
Le film verse aussi un peu dans le dégoûtant, quand Rubin boit la sueur de sa semelle, l'eau des glaçons du bac où il a conservé son chat mort, ou encore quand ce même chat finit essoré par Ed...
Rien de vraiment comique jusque là, surtout de l'insensé, du bizarre, et ça continue comme ça en fait, mais il y a quand même des passages qui m'ont amusé.

Je ne vais pas me fatiguer, listons en quelques uns :
-Un chamaillerie amusante dans la voiture, à base de bière qui gicle, lancers de céréales, et d' "ignoramus".
-Les persos cherchent une ville qui commence par B et qu'ils ont franchi, Ed dit qu'il y en a pleins dont le nom commence par cette lettre, comme Boston et Barcelone, ce à quoi Rubin répond que ce n'était pas Barcelone.
-Des autochtones se discutent des lieux où pourrait se trouver Rubin, et se dispute quand à savoir si c'est le site à radiations ou la zone à scorpions, ou à serpents, qui se trouve à l'ouest, ou au nord, et combien de temps ça prend pour mourir des radiations ; bref ils se disputent alors que dans tous les cas Rubin est mal.
-Ed demande à son père de lui repasser sa mère au téléphone, juste pour le plaisir de raccrocher au nez de celle-ci.
-Un rêve tout en bleu et mauve de Rubin, où il est sur une bouée avec ses chaussures à talons improbables, et où son chat fait du ski nautique ! Ca se finit en cauchemar quand on voit ce qui, à mon avis, est la façon dont est réellement mort l'animal.

C'est pas hilarant mais c'est divertissant, et je ne me souviens pas m'être ennuyé, je crois que le réalisateur a bien fait attention à ce qu'il n'y ait pas de temps mort, et même lorsque les personnages ne font que marcher dans le désert, il y a au moins des paroles.
Il y a un seul gag qui m'ait déplu car trop commun, trop déjà vu, et juste pas drôle, il s'agit du quiproquo tout ce qu'il y a de plus basique entre la police et Ed, qui leur raconte des choses complètement inutiles du genre "je suis parti enterrer un chat", sans penser à nier être un voleur et un kidnappeur. En fait en signalant la présence de Rubin avec lui, il les pousse un peu plus à penser qu'il l'a kidnappé, et en plus de ça il donne sa position... pfft.
Le plus naze reste quand même ce pseudo-gag typique et abominable dont les réalisateurs et scénaristes se servent toujours quand ils ne savent pas comment faire rire : un pet, placé n'importe où, sans raison. Vraiment dommage, car Rubin & Ed n'avait pas besoin de ça.
En dehors de cela, je n'ai pas trop accroché à l'histoire du chat, excuse peu intéressante pour un road movie. En plus Rubin veut choisir le bon endroit pour creuser une tombe, et évidemment il s'y prend à plusieurs fois, abandonnant ses premiers choix, pour faire durer encore le film.

Ca veut aussi être un buddy movie, ce qui semble évident quand on voit deux personnages bien différents et qui ne s'aiment pas obligés de vivre un truc ensemble, on sait qu'ils vont finir par devenir potes. Là je reproche une scène où le scénariste a trop clairement cherché à créer des liens entre Rubin & Ed, et de façon forcée. Ed parle de sa femme sans raison, ce qui est bien cliché, puis du chat de Rubin, et de films avec le mot "cat" dedans ; heureusement ce passage est finalement désamorcé quand le personnage en revient inévitablement à parler de l'organisation dont il fait partie. Il règle sa vie sur ce qu'on lui a appris à un séminaire, il pense avoir une bonne vie comme ça, meilleure que celle de Rubin et... je ne dirais pas que celle de Rubin est plus enviable, mais il fait fausse route.
A la fin on dirait que Rubin & Ed sont potes, quoique ce n'est pas bien clair, ils restent ensemble sans qu'on ait vraiment senti qu'ils s'étaient rapprochés de façon forte au cours du récit. Pareil pour le comportement d'Ed, qui envoie foutre son séminaire et se sort du piège où il était tombé et se sentait si bien, sans qu'on ait de quoi nous expliquer ce changement soudain d'état d'esprit.

Un film un peu étrange, pas tellement drôle, mais pas si mal que ça, bien que je pense ne plus jamais le revoir.
Pour finir avec une anecdote sympa, il faut savoir que Crispin Glover est responsable d'une interview apparemment très populaire à l'émission de David Letterman. Il semblerait que ce soit devenu très connu, via internet certainement, et ce parce que Crispin apparaît au talk show habillé bizarrement, avec une attitude d'inadapté social, et a presque donné un coup de pied dans le visage de Letterman !
La vidéo était disponible à la fin de mon vhsrip, mais elle est complète et en meilleure qualité sur youtube. On voit comment Letterman essaye de rire de l'incident et de faire passer avec humour le départ forcé de Glover ; moi je trouve ça hypocrite et minable.
Durant l'émission, quelqu'un dit à l'acteur "nice shoes !", et il reste dans son personnage, c'est super. Par contre il semblerait que ni le public, ni la plupart des gens qui connaissent cette vidéo, ne savent que Glover fait référence au film dans lequel il joue.
Fry3000
6
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le 14 avr. 2012

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