C'est le premier film que je vois dans lequel un pneu a la même aura maléfique que Robert Mitchum dans Cape Fear.
Mais tout commence par des gens dans le désert à qui l'on distribue des jumelles. Et l'on va comprendre que ce sont les spectateurs de l'histoire du pneu. Sans eux, le film ne peut avoir lieu. Et ça tombe mal, car un lieutenant de police peu désireux d'avoir à résoudre une enquête préfère essayer de les empoisonner plutôt que de faire son travail. Hélas un des spectateurs survit : il faut donc continuer le film.
Et il y a de quoi faire, car le pneu se révèle un psychopathe, capable de tuer par la force de la télékynésie à distance. Il commence par une bouteille de bière abandonnée, puis par de petits animaux, puis par le plus grand des prédateurs : l'homme. Jusqu'où s'arrêtera-t-il ? Ceux qui ont identifié la menace parviendront-ils à l'arrêter ?
Derrière le postulat absurde, il y a un hommage aux films fantastiques comme ceux de John Carpenter, et aussi au glamour de la route 66.
Comme d'habitude, les cadrages, le travail sonore et la colorimétrie sont très travaillés, avec des décors de désert dans lequel le pneu roule vaille que vaille, mais aussi une station essence et un motel. Et la route. Et la photogénie de ces terrains connus suffit à nous rendre heureux.
Comme d'habitude, l'humour absurde des situations, qu'il serait vain d'expliquer au risque de les déflorer, me touche, et la réflexion sur les personnages obligés de continuer le récit tant qu'il y a une audience est amusante (notamment la manière dont l'officier, quand il apprend que l'audience est encore un peu là, se remet à son interrogatoire sans enthousiasme, parce qu'il faut coller au script. C'est vraiment réjouissant.
Ce film nous apprend à respecter nos amis en caoutchouc et joue avec les codes du fantastique, avec une touche de gore qui me suffit déjà amplement. Le tout dans les beaux décors de l'ouest américain. Un mélange improbable, comme un mauvais rêve un peu absurde, pour lequel on remercie Quentin Dupieux.