Rousslan et Ludmilla est le chant d’adieu du réalisateur Aleksandr Ptushko, qui décédera la même année. Ce réalisateur du merveilleux, surnommé le Walt Disney russe, laisse un bel héritage au cinéma russe d’animation et au cinéma fantastique orienté jeunesse : Le nouveau Gulliver, Les voiles écarlates, La fleur de pierre, Le tour du monde de Sadko ou encore Le géant de la steppe.
Ce film testament réunit tous les thèmes du merveilleux chers au réalisateur : nains, géants, fées des eaux et des bois, magiciens et sorcières, preux chevaliers et douces héroïnes… L’amour de la Russie est toujours bien présent, on y célèbre l’amour de la terre, la fidélité et la bravoure. Ceci vaudra d’ailleurs au réalisateur diverses décorations comme celle d’Artiste du peuple de l’URSS en 1969.
L’histoire est tirée d’un des nombreux poèmes épiques de Pouchkine. Il sera tout d’abord adapté en opéra au XIXème siècle par le compositeur Mikhaïl Glinka.
Ce ne sera cependant pas la musique de Glinka, mais celle de Tikhon Khrennikov, grand compositeur russe du XXème siècle, qui illustrera le film.
La musique en est de toute beauté ; on retiendra le superbe thème central qui s’entend tout au long du film et que l’on se surprend à fredonner bien après que celui-ci se soit achevé.
L’histoire :
Rousslan jeune et valeureux guerrier, est amoureux de la fille du prince Vladimir. Celle-ci, écartant ses trois autres prétendants, accorde sa main à Rousslan. Le jeune couple est uni lors d’une somptueuse fête durant laquelle un musicien chante les exploits du jeune guerrier et le bonheur des mariés. Alors qu’il rejoint sa jeune épouse pour leur nuit de noces, Rousslan a la douleur de voir sa bien-aimée emportée par une bourrasque qui n’est autre que le méchant sorcier Tchernomor. Celui-ci est un nain maléfique à très longue barbe qui vit dans un beau palais souterrain dans lequel il emporte sa proie. Fou de douleur, le Prince Vladimir annule le mariage et promet sa fille à celui des quatre preux qui la ramènera.
Le film prend alors l’aspect d’une longue quête présentée sous forme de tableaux. On s’intéresse ainsi plus précisément à notre héros qui devra au fil de ses différentes rencontres prouver ses qualités : bravoure, compassion, intelligence, fidélité…avant de parvenir à la demeure du méchant magicien.
Rempli de scènes magnifiques, comme celle des géants enchaînés qui soutiennent la voûte de la grotte et auxquels la douce Ludmilla donnera à boire, la tête de guerrier géante, la fuite de Ludmilla sautant de pierre en pierre dans un décor de rêve…
Le palais souterrain du nain maléfique est une pure merveille visuelle. La salle où la belle princesse repose sur un lit à colonnes fait un peu penser à celle du palais du Grand Yaka dans Titus Le petit lion – pour ceux qui étaient enfants dans les années 70-. Kitsch diront certains et cela l’est certainement mais comment ne pas être éblouis par la beauté visuelle et l’inventivité de chacune des scènes.
On pourra reprocher également au film un manque d’unité, les scènes se succédant sans réel lien parfois. Le film ne doit certainement pas non plus se regarder pour l’interprétation ; le jeu est assez théâtral et surprenant pour un film des années 70.
On laisse cependant sans ennui se dérouler les pages de ce conte merveilleux. Un film à voir pour ceux qui veulent découvrir un "autre" cinéma fantastique…


Mes autres critiques de contes russes :
https://www.senscritique.com/film/Morozko/critique/103916970
https://www.senscritique.com/film/Le_Tour_du_monde_de_Sadko/critique/103916840
https://www.senscritique.com/film/Le_geant_de_la_steppe/critique/104757380

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le 26 déc. 2017

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m-claudine1

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