Le périph à fond les ballons et à contre sens

1998 : John Frankenheimer est dans sa dernière ligne droite. Décidément il aime la France puisque ce doit être la troisième ou quatrième fois qu'il y réalise ses films. En plus, on a droit à une belle virée touristique (un peu rapide) entre Nice, La Turbie, Arles, les Baux puis Paris. Avec de magnifiques vues en plongée des arènes d'Arles ou du somptueux paysage des Baux.

Le scénario, heu, quel scénario ? Ah oui, des mercenaires ex agents secrets au chômage depuis la chute du Mur, qui vendent leurs compétences au plus offrant, sont embauchés pour récupérer une mystérieuse valise. Pas assez lourde pour porter des lingots d'or, pas assez grande pour porter des armes, trop grande pour porter des billets de banque ou des sacs de drogue, trop lourde pour porter du vent. En bref, trop brillante pour être honnête. Quant à savoir qui commande, qui amène la valise, à qui est-elle destinée : c'est le flou artistique, la loi du genre …

Par contre, une énergie pas possible est déployée par tous ces gens pour la récupérer. De l'action, toujours de l'action, encore de l'action.

Des cascades, des fusillades, de la baston, de grands acteurs : le spectateur est très bien servi et en a largement pour son argent.

D'abord les cascades : Frankenheimer, qui a eu un passé de pilote de course, a tenu aux bonnes vieilles méthodes avec de vraies cascades sans le secours (honteux) du numérique. Je pensais que certaines séquences étaient accélérées, il semble bien que les vitesses des véhicules soient réelles ... Frankenheimer a même imaginé des séquences de vitesse avec les vrais acteurs à l'intérieur et non les doublures. Résultat, l'effet sur l'acteur et conséquemment sur le spectateur est garanti. J'ai même lu qu'une petite centaine de voitures avaient été sacrifiées pendant le tournage. On peut donc déguster ces séquences assez vertigineuses de poursuite de voitures (un peu longues peut-être, dira-t-on mais quand on aime …), dans son fauteuil, devant la télé, un mug de tisane à la main, pantoufles aux pieds, avec une angoisse au ventre de bon aloi.

De grands acteurs … En effet, les deux mercenaires principaux sont Robert De Niro et Jean Reno, parfaits dans leur rôle de samouraï déchus de leurs anciennes écuries … En lutte pour ou contre on ne sait pas trop qui : 1998, c'était avant les frasques d'Al Qaida. Ça aurait pu toutefois être les libyens ou les palestiniens. Plus modestement, ce sera les russes et/ou les irlandais de l'IRA. Ah oui, j'oubliais la séquence de l'auto-opération de De Niro qui est bien digne d'un samouraï (même déchu).

Accompagnant ces deux acteurs, dans le rôle d'une irlandaise qui ne s'en laisse pas compter, Natascha McElhone. J'avais découvert et tellement apprécié cette actrice dans "The Truman Show". Un plaisir de la retrouver ici même si son rôle n'est pas des plus séduisants et encore moins romantique …

Parmi les seconds rôles, on trouve Michael Lonsdale avec sa trogne pas possible dans un rôle tout aussi improbable. Mais en ce qui me concerne, c'est toujours un plaisir de croiser le chemin de ce vieux loup dans un film.

Au final, on ne saura ni ce qu'il y a dans cette foutue valoche, ni qui la voulait en payant le prix fort, ni qui la détenait au départ. Mais est-ce vraiment important alors que le spectateur a bien assouvi tous ses fantasmes de grande vitesse sur la voie sur berge, sur le périph, dans le vieux Nice, de baston dans la foule, de fusillade en veux tu, en voilà.

Et puis, Natascha McElhone, cheveux au vent, au volant d'une bagnole à contre-sens sur l'autoroute, Natascha McElhone, kalachnikov en main flinguant à tout va, ça valait quand même le coup d'œil ! Tudieu !

Allez, rien que pour elle, je rajoute un point sur la note que j'aurais mise …

JeanG55
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le 28 déc. 2022

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