Décidément, pas besoin que Mikhalkov soit aux manettes pour faire d'excellents films : quelle présence d'acteur ! On l'attend quand il n'y est pas, et il donne tout et rien quand il y est. Tout et rien... comme le carburant d'une romance qui ne demande qu'à se pouvoir.


Mais il faut rendre à César ce qui est à Ryazanov, véritable orchestrateur du chef-d'œuvre en question. Le cinéma russe restera pour toujours voilé derrière un brouillard culturel pour les Occidentaux, et les différents films le percent de manières diverses. Fallait-il qu'un personnage s'exprimât : "que j'aime l'Europe !" pour que nous fussions atteints un peu plus derrière les vrais sentiments qui se cachent derrière les noms et prénoms russes "invariablement" prononcés ensemble ?


D'abord, il y a la partie "fils rouges" ; fils de soie, assurément, puisqu'un œil moqueur est posé sur la bourgeoisie sans pour autant chercher à la fuir. La fuite est longtemps une simple idée dans l'esprit bousculé d'une "fille à marier". L'exutoire : la Volga, porteuse aussi familière que ponctuelle à geler de bateaux tous semblables dont la destination peut se situer à deux méandres de distance, ou mille. Sillonnement grisâtre d'une vie pâlotte où l'on se sert les uns des autres pour se divertir. On en oublie les sifflets des navires ou les monstres qui rugissent dans leurs entrailles, au plus grand plaisir des riches de "là-bas".


Enfoncée dans les brumes fluviales et mondaines de malheurs ensibérianés, la caméra de Mikhalkov - pardon, de Ryazanov - pourrait en rester là et demeurer une impasse romantique où l'on a dissous sa durée comme un peu de neige sur un poêle. Mais la Romance cruelle est une romance rythmée, forte de son autarcie historique et géographique (oui, ça peut être un impair) qui lui donne de quoi faire des Tsiganes un intermède à peine remplisseur.


Quantième Art

EowynCwper
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le 11 févr. 2019

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Eowyn Cwper

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