J'étais prévenu, mais c'est pire que tout ce que je pouvais imaginer. Certes, John McTiernan avoua qu'il avait peu de contrôle sur le tournage de ce film, mais il en était de même pour Le 13ème guerrier (surtout dans le montage final), et il y a plutôt de bons restes (euphémisme). Alors qu'on a affaire ici à un total ratage, dans le fond comme dans la forme.
Le script est simple. Deux équipes d'un sport ultra violent mondialement connu s'affrontent sous les feux des projecteurs des médias. Très vite, l'un des joueurs se rend compte de la déshumanisation de ce jeu (le fric fait tourner le monde), et fera tout pour s'en sortir, lui et ses potes. Mais 1) l'esthétique globale est super moche (costumes ringards, et l'utilisation des couleurs et de la lumière m'ont donné l'impression qu'on me chiait dans les yeux) ; 2) McTiernan est en temps normal un maître dans la façon de filmer l'action et d'utiliser l'espace, mais elle est ici illisible (montage bordélique, caméra près du corps qui fait qu'on perd tout repère) bien qu'on connaisse en gros les règles (le détail est en russe, je n'invente rien) ; 3) aucun personnage n'est intéressant à suivre, le manque de charisme des interprètes jouant beaucoup en leur défaveur (ils jouent tous faux et platement!!!), ce qui fait qu'on se foutait bien au final de ce qui pouvait leur arriver, 4) l'intrigue est complètement idiote et foutraque, avec une critique des médias réalisée avec de gros sabots.
Pour le fond, on reconnaît bien certains gimmicks du réalisateur, comme le héros qui se fait appeler "cow-boy" (référence à John Mc Lane), ou cette importance de ne pas suivre les règles d'un jeu lorsqu'elles se font au détriment des "gentils" (cf quasiment tous ses films). Mais il n'a jamais été doué pour faire passer un message comme en témoigne son Medicine Man, qu'il sur-ligne dans les deux cas comme un goret. Il est en effet plus un formaliste se mettant au service du divertissement et de ses personnages, deux aspects totalement ratés ici. J'aurais plutôt vu un mec comme Oliver Stone pour ce film, bien plus armé lorsqu'il s'agit de retourner la logique d'une morale/esthétique MTV, sans s'oublier artistiquement parlant. Car au-delà du clash malheureux entre la production et John McTiernan, il s'agit bien du principal problème ici, on ne reconnaît presque jamais la patte de ce dernier. Et quand c'est le cas, ça vire à l'auto-caricature (comme le bad-guy incarné par Jean Reno, worst idea ever, alors qu'il nous avait habitué à bien mieux en termes d'interprète, de direction d'acteurs, et d'écriture). Donc au final, on se retrouve avec un truc complètement con, sans âme, et sans substance.
Pour ma part, je préfère largement revoir le début de Starship Troopers ou même Running Man, bien plus fun et pertinents dans le genre, plutôt que cet étron filmique.