Quand je pense à Star Wars, je pense au Seigneur des Anneaux, à Harry Potter... Je pense à un univers, à un matériau qui ne peut se limiter, justement, au seul matériau, qui invite à l'exploration momentanée de nouveaux mondes que les fans peinent à quitter. Cet effet facilite bien entendu la tâche des studios hollywoodiens pour nous pondre un grand nombre de films dont ils savent que le succès est quasiment assuré. De ce fait, chaque opus et film dérivé des œuvres de base est doté de son lot d'attentes de la part des fans, en émoi devant la réapparition de leurs héros à l'écran.


Dans mon cas, c'est en ce samedi 18 décembre que j'ai eu l'occasion de visionner le spin-off Rogue One : A Star Wars Story de la saga culte de George Lucas, qui ne cesse de déchaîner les foules depuis la sortie de Un Nouvel Espoir en 1977. Sa sortie survient un an après celle de l'épisode 7 de Star Wars, mais se situe entre le 3 et le 4 d'un point de vue chronologique, c'est-à-dire entre le dernier film de la prélogie et le premier de la trilogie originelle. Dirigé par Gareth Edwards, ce film nous raconte l'histoire de Jyn Erso (Felicity Jones), jeune femme vivant dans la période sombre correspondant à la gouvernance impériale, qui va vouloir apprendre la vérité sur l'action de son père, Galen (Mads Mikkelsen) en faveur de ce même Empire, et retrouver ce dernier dans le même temps. Elle va également s'engager indirectement dans la Résistance en tentant de retrouver des plans de l'Etoile Noire (ou Etoile de la Mort) en compagnie d'autres résistants. Si je savais personnellement quoi attendre de Star Wars 7, Rogue One présentait pour moi une originalité qui m'empêchait de développer une réelle "hype" pour le film. Sans doute était-ce lié au fait que ce film-là n'était qu'un spin-off situé entre deux sagas dont on connaît déjà les aboutissements. Le fait que l'on retrouve beaucoup d'acteurs connus du grand écran et à première vue difficilement assimilables à Star Wars a probablement doublement influencé mon manque de "hype" pour cet épisode “3,5”.


Tout d’abord, il est évident dès la première minute du film que Rogue One est un vrai film de science-fiction, réalisé par un fanât du genr,. Le film s’inscrit directement dans la saga, elle-même rattachée à un univers immensément riche, culte, et connu de tous. Star Wars est tout simplement la référence au rayon des sagas spatiales, et ce film ne fait pas fausse route ici, s’inscrivant parfaitement dans la continuité des anciens. Il profite de cet univers, de cette atmosphère tout à fait propre à la saga pour distiller des scènes témoignant d’une grande maîtrise de ce genre.


Outre Jyn et Galen Erso (Jones et Mikkelsen), différents personnages occupent une place importante dans le récit, tels que Cassian (Diego Luna), Chirrut (Donnie Yen), Krennic (Ben Mendelsohn), Saw Gerrera (Forrest Whitaker), et bien entendu Dark Vador (toujours James Earl Jones, plus tout jeune), et force est de constater que la majorité de leurs interprètes font le job, notamment Felicity Jones qui parvient très bien à faire vivre les émotions de son personnage. Par ailleurs, ce même Gerrera a une personnalité qui lui est propre, très intéressante, tout comme Krennic. Cependant, tous les personnages manquent de développement (même Jyn), et on reste globalement sur notre fin surtout quand l’on peut cerner le potentiel de certains comme ceux cités ci-dessus. Jyn, notamment, est une héroïne assez caricaturale, mais dont les intentions mystérieuses laissent deviner une originalité potentielle, malheureusement non explorée. Les backgrounds de Gerrera, Cassian, Chirrut, et Baze (compère de Chirrut, interprété par Jiang Wen) sont quant à eux relativement flous et/ou vite expédiés.


Le récit commence avec la présentation de la famille Erso et de la menace qu’est l’Empire. Jyn Erso connaît une présentation correcte mais est trop lisse et contribue d’emblée à une petite distanciation au personnage. Par contre, l’Empire est dès le début du film très bien représenté avec la prestation de Mendelsohn, et ceci sera toujours le cas plus tard dans le film, lorsque l’on constate son pouvoir destructeur (planète Jedha) et la présence de sa figure de proue, Dark Vador. La mort de Saw Gerrera survenant à cause de la destruction de Jedha est mal amenée, car le spectateur possède trop peu de renseignements sur ce personnage, ce qui lui laisse finalement un arrière-goût d’inachevé. La lisibilité du cheminement pour trouver les plans/ouvrir le bouclier est peu clair, ceci étant peut-être dû à des reshoots et scènes retirées du film. Ce manque de lisibilité va de surcroît dilater le climax du film dans le temps, trop long pour représenter un réel pic d’intensité dramatique. Malgré cela, les “galères” des personnages principaux et leur mort finale apporte un aspect réaliste très intéressant, montrant qu’avant Un Nouvel Espoir, la vie est loin d’être rose. Cette petite once d’originalité pour un blockbuster de cette trempe est assez plaisant et émeut le spectateur (même si le manque d’écriture des personnages limite cette émotion). Pour clôturer le film, Edwards et ses scénaristes usent d’un classique mais efficace caméo sur la princesse Leïa (refaite en CGI) pour tendre le relai à Un Nouvel Espoir, suite directe de Rogue One.


La musique du film est elle relativement inégale. Il est d’ailleurs bon de faire mention du fait que son compositeur, Michael Giacchino, n'eut vraisemblablement que 4 semaines pour faire la musique du film à cause de problèmes d’emploi du temps du compositeur affilié en premier au projet, le français Alexandre Desplat. Le thème principal concocté par Giacchino nous apparaît quelconque, seulement modifié par petites touches pour éviter de représenter un copier-coller de celui des Star Wars habituels. Peu de musiques sont mémorables et rares sont les prises de risques dans cette OST de Giacchino. Seules les musiques adaptées à l’Empire et Dark Vador sont véritablement mémorables et toujours aussi excellentes (toute l’ambiance autour de Vador est maîtrisée par Giacchino qui reprend logiquement du John Williams). Les effets sonores sont maîtrisés dans l’ensemble.


Du côté de la mise en scène et des effets spéciaux, Rogue One peut se vanter d’être un blockbuster soigné. Les mouvements de caméra sont fluides et relativement lisibles, et même si on Gareth Edwards ne prend pas beaucoup de risques au niveau de cette mise en scène et garde le côté blockbuster classique très visible, il apporte sa touche personnelle en apportant sa maîtrise de l’immensité et du géant dans le film, à travers les vaisseaux, l’étoile noire, les planètes, et la mobilisation d’une grande diversité de populations les habitant. Plusieurs comparaisons visuelles et effets d'échelle nous permettent de ressentir ce gigantisme. La diversité de l'univers se retranscrit dans les décors et les environnements qui permettent de montrer la riche complexité de la galaxie. Le problème est que l’atmosphère visuelle propre à chaque planète n’est pas assez marquée, à tel point qu’il est difficile de caractériser les planètes présentes dans Rogue One autrement que par leur diversité. Les effets spéciaux et la CGI sont très bons et on observe des prouesses techniques mémorables s’associant bien à la volonté de G.Edwards de montrer le gigantisme, de manière bien moins décousue que dans le Godzilla qu'il a également réalisé (je ne me rappelais plus si l'interprète de Tarkin était mort ou si je confondais avec Christopher Lee, et je suis ainsi complétement tombé dans le panneau de ce personnage de fait réalisé intégralement en images de synthèse, et dont l'interprète est décédé il y a plus de 20 ans). Seulement, cette obsession du gigantisme chez Edwards contribue indirectement à une mise en retrait du développement des différents personnages. Par contre, Rogue One parvient parfaitement à retranscrire toute la puissance de Dark Vador de par l’atmosphère visuelle qui lui est associée, une des plus grandes réussites du film. La caméra épaule et les plans en champ contre champ sont relativement nombreux, et permettent une identification relative aux personnages et une implication (partielle) du spectateur dans l’histoire et l'action.


Rogue One : A Star Wars Story est une bonne première au rayon des spin-offs de SW pour Disney. Si des zones d’ombre plutôt mémorables subsistent, notamment par rapport au développement des personnages insuffisant et sans doute la pire bande originale de Star Wars à ce jour, le film réussit pour moi l’objectif affiché : enrichir un univers dont on pensait à la fois connaître tout et rien, en donnant à son nouvel objet une touche de grandiose hollywoodien propre à ce début de 21ème siècle qui ravira plus d’un spectateur. Une réussite donc, et puis, au pire, allez le voir pour Dark Vador, il justifie trois-quatre visionnages à lui-seul, le bougre.

Marc-Antoine_Be
7
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le 15 janv. 2023

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Marc-Antoine_Be

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