• J'vais t'péter la gueule.

  • On verra ça.



Pour votre serviteur, aborder ici Rocky 3 c’est se partager entre le déballage d’une affection toute gênée frôlant la déraison pour une oeuvre sans subtilité et la prise de défense d’un acteur authentique dévoué à son film et à son public, orchestrant, il faut le dire, quelques scènes tout à fait réussies.




  • J'ai connu des catcheurs qu'étaient plus gros qu'des dinosaures, tu t'es jamais battu contre un dinosaure ?

  • Ah non pas récemment.



C’est dangereux pour moi d’aborder ici ces films de mon enfance, je n’sais pas faire ,comme beaucoup d’entre vous, mine d’avoir depuis l’âge de raison quitté l’affection débordante pour ces héros musculeux, ces Rocky Balboa, John Rambo, Frank Dux, Kurt Sloan, Ray Tango et Gabriel Cash, John Matrix, Dutch Schaefer et j’en passe pléthore, et ne regarder aujourd’hui tout ça qu’avec l’oeil amusé et attendri vaguement posé sur le môme que j’étais. Non non, je n’peux pas faire ça, et je prends du coup le risque de passer pour un demeuré auprès des cinéphiles partisans de la finesse que vous représentez. Mais moi, j’prends toujours autant de panard devant certains de ces chefs d’oeuvre.


Alors pas tous, faut pas déconner, et s’il réside dans une des suites de Rocky plusieurs point infiniment défendables par monts et par vaux, d’autres perles comme Rambo 2 ou Universal Soldiers ne sollicitent qu’une nostalgie doucement échouée sur un sourire en coin. Mais c’est pas l’cas de Rocky 3. Rocky 3, il est génial.



Retournes-y et casse lui la gueule Rocky ! L’œil du tigre ! C'est
compris ?



Déjà, Rocky 3 c’est les années 80. Rien que le montage d’ouverture accompagnant le héros gravissant les échelons jusqu’au panthéon de la renommée en tabassant la planète entière sur Eye of the Tiger, c’est inestimable. Ensuite, il y a des muscles en plein effort luisant sous les néons et les lampes blafardes des salles miteuses. Il y a la sueur, le grain et les pièces enfumées dans cette esthétique de clip, il y a la pénurie de tissu à chaque occasion, laissant apparaître les corps sculptés au grand jour, il y a la statue de Stallone, impériale, veillant sur Philadelphie comme David sur Florence, il y a la moustache de Hulk Hogan et la crête légendaire de Mr. T., les modèles d’une génération, que dis-je des icônes intemporelles… Bien entendu le tout est servi nappé de Survivor à la BO et je n’sauais comment davantage vous rappeler les atouts sans commune mesure de ce met ô combien raffiné.




  • Quel est votre pronostic pour ce combat ?

  • Pronostic ?

  • Oui votre pronostic.

  • Une boucherie.



Et puis il y a l’histoire de Rocky 3 où chaque évènement amène l’étalon italien vers le côté obscur jusqu’à ce qu’il sombre dans la rage a plus folle sur la fin du métrage. Rocky 3 c’est d’abord une histoire de doute et de remord et le bouillonement de la peur de perdre. C’est tout ça sans fioriture ni blabla excessif, direct et incisif, sculpté dans une simplicité limpide. C’est un Rocky chantant tout l’été avant de se faire rétamer. Et un Rocky déchaîné, enragé et ivre de vengeance. Le final est une apothéose jubilatoire qui condense en trois rounds tout l’arsenal de bruitages utilisé pour dix films de guerre entiers, les détonations des coups portés se cumulant aux sont d’avions de chasse pour chacun des mouvements des deux bêtes de combat. De tous les épisodes du boxeur italien, c’est ici que Stallone est le plus rongé par la peur et la rage. Il pleur, hurle, se recroqueville sur lui même et beugle sur Adrian. Fini la bienveillance du combat des chefs ressentie dans les deux premiers films et loin encore la présence posée et rassurante d’un Rocky sauveur dans les steppes russes, ici, c’est l’arène de la boucherie. Aucune mesure dans les mots comme dans les actes, c’est la mise en scène d’une haine viscérale. A chaque seconde est bâti un volcan ronronnant dans l’attente du premier gong.



Et regardez moi ça c'est extraordinaire ! Chacun de ses coups décolle
son adversaire du ring littéralement ! Quelle puissance incroyable !



Et puis il y a Stallone. Stallone artisan, Stallone créateur, Stallone amoureux fou, façonnant son personnage à la sueur de son biceps, une lèvre tombante, des yeux volés à un chien errant, les émotions à fleur de peau trahissant un enthousiasme et une authenticité blindée. Et point de mésentente, nulle moquerie ici pour l’illustre personnage et son créateur dévoué, juste une forme de reconnaissance pour un acharné qui arrive avec passion à confectionner un formidable film sur les affres de la gloire et certaines des plus belles scènes de combat à mains nues de son temps, mises en scène avec une audace et une efficacité pour sûr uniques en 1984, au milieu de bourre-pifs de bar et catch improvisés de ruelle. Parlons-en tiens des combats. Avez vous seulement fait attention à cette lisibilité ? Cette efficacité dans le déroulement, l’ensemble sinuant avec une fluidité parfaite d’un boxeur à l’autre. On est d’accord, c’est tout sauf de la boxe, ça se situe quelque part entre le cartoon et Ken le survivant, mais, sincèrement, qu’est ce que c’est jouissif, en cohérence parfaite avec le ton déchaîné des personnages tout en fine subtilité langagière. Comment ne pas avoir une affection sans limite pour tout ça...



L’œil du tigre mec !


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le 15 juin 2016

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zombiraptor

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