Communément appelé : « Rocky II : Le clone »

Et voici Rocky II. Le succès du premier ayant été colossal, nul besoin de convaincre le studio. Le budget est encore très raisonnable mais il a tout de même bien augmenté, ce qui n'était pas dur. Réalisé par Sly lui-même, son passage derrière la caméra ne souffre pas vraiment de la comparaison avec John Avildsen, réalisateur expérimente, car le budget plus conséquent permettra de faire des scènes plus grandioses et spectaculaires, j'en reparlerai.


(Spoilers)


Cet épisode inaugure ce qui va devenir une marque de fabrique des suites : Commencer par la fin de l'épisode précédent, ici donc la fin du combat entre Apollo et Rocky, où ils ont affirmé ne pas vouloir de revanche. Mais Apollo a pris le temps d'une profonde et très longue réflexion durant... le trajet du ring à l’hôpital, et tout d'un coup il clame aux journalistes qu'il veut un autre combat. Un peu plus tard dans le film, les réactions des fans à sa courte victoire aux points le mettront en colère, il aurait peut-être été plus judicieux de le faire revenir sur sa décision à ce moment là du film et pas 2 minutes après le générique. Là ça paraît bien pratique, du genre « Je veux un rematch, sinon y'a pas de 2e film ! » Quoi qu'il en soit Rocky a pris sa retraite, d'autant qu'un de ses yeux est dans un sale état.


Et on sent que c'est un film intimiste pour Stallone, les retombées d'une célébrité soudaine et massive, positives comme négatives. Pour Rocky, en début de film les choses s'accélèrent : Tout d'abord il demande Adrian en mariage et avec la somme rondelette qu'il a touché pour son combat, leur jeune ménage emménage dans une belle maison. A cette époque Sly savait y faire pour écrire des bons dialogues avec Adrian, tendres et avec quelques petites touches d'humour bienvenues, et il y avait une certaine alchimie à l'écran entre Sylvester et Talia, les scènes qu'ils partagent fonctionnent vraiment bien, peut-être plus que dans le premier film. Quelque chose se perdra après celui-ci.


Pour le spectateur attaché au personnage de Rocky, il y a aussi une certaine griserie à le voir avoir enfin être comblé dans la vie. D'ailleurs il ne peut s'empêcher de l'exprimer à chaque seconde : Il commente tellement tout ce qu'il lui plaît, y compris ce qu'il y a de plus insignifiant, que même Columbo qui est spécialiste pour ça dans la série éponyme, en rougirait. Outre son mariage et sa nouvelle maison, il se permet de faire quelques folies plus ou moins utiles. Et pour couronner le tout, le couple attend un enfant.


Mais après ce premier tiers, c'est le moment de la désillusion. Les publicitaires veulent le faire apparaître dans des spots ridicules pour ne pas dire dégradants, ou vendre son image n'importe comment. Pour lui qui veut laisser la boxe de côté et trouver autre chose pour gagner sa vie, on l'y ramène toujours. Bientôt il ressent la crainte de redevenir un moins que rien. Quelque part on pourrait d'ailleurs faire le reproche au film de vouloir faire un Rocky bis. On trouve une liste longue comme le bras de suites qui ont essayé de partir dans une toute autre direction que l'original, et qui parfois se plantaient, mais qui au moins essayaient. Ici, la prise de risque est très réduite.


Pour payer ses factures, Rocky doit faire des concessions. Et quand il en vient au point où son beau-frère Paulie lui propose de le dépanner, il doit s'entendre toucher le fond. Paulie qui, soit dit en passant, trimbalera un goût vestimentaire extrêmement douteux tout le film. Bref, Rocky retourne travailler à la salle de boxe de Mickey. Il accepte de donner des conseils de boxe aux jeunes mais met aussi son ego de côté et nettoie la salle, vide les seaux. Il est la cible du dédain et des railleries d'autres boxeurs, une nouvelle fois il encaisse tout sans se rebiffer.


D'autant plus qu'Apollo veut sa revanche et lance une campagne où il le traite de lâche pour le faire sortir de sa retraite. Rocky commence à se dire que ce serait effectivement la solution. Toujours les situations classiques du boxing business transposées dans ces films : Énormément de grands boxeurs n'ont pas bien su gérer leur argent et ont été contraints de continuer à boxer, parfois à un âge trop avancé, au-delà du raisonnable.


A partir du moment où Rocky veut remonter sur le ring, on entre dans un schéma qui va être remâché dans les films suivants. Il veut se battre, Adrian n'est pas d'accord pour une raison X, ici son problème à l’œil ne lui permet pas en principe. Et bien sûr les gens lui donnent peu de chances de réussir. Rocky devient donc exagérément nul à l’entraînement comme Adrian le perturbe par sa désapprobation. C'est déjà plus compréhensible quand cette dernière tombe dans le coma suite à des complications lors de l'accouchement. Pour pinailler je dirais bien que ce passage parait un peu forcé mais l'intensité dramatique est là, et en toute honnêteté je dois rendre hommage au jeu de Stallone, il s'en tire vraiment bien lorsqu'il exprime sa douleur.


La partie entraînement est plus développée dans ce film, je ne dirai pas qu'elle a été survolée dans le précédent, mais ici le travail que doit fournir un boxeur pour être fin prêt est souligné en gras. On fait grimper la tension. Même l’entraînement d'Apollo est montré cette fois. Ce dernier a plus d'exposition dans ce film aussi. Plus que jamais quand on ferme les yeux et qu'on l'écoute quand il parle aux journalistes, on entend Ali, en VO évidemment. Et puis, 10/10 à Burgess Meredith pour son jeu, son rôle d’entraîneur de la vieille école est taillé sur mesure pour lui, sa présence plus importante que dans le premier volet permet de mieux s'en rendre compte. Et ai-je besoin de le préciser, il y a toujours les fameux montages d’entraînement pour maintenir l'entrain du spectateur. Double dose ici.


Vient ensuite le combat. Et Sly se lâche. Ça doit être plus fort, plus long, plus violent. Pour les défauts : Le bruit des coups n'est pas toujours réaliste et certains coups dans le vide ou trop faibles qu'on essaie de nous vendre comme de vrais coups font tâche. Et bien sûr, Rocky encaisse beaucoup, beaucoup trop, il n'a quasiment aucune garde. Mais après tout, sur ce dernier point, les années 70 étaient les années phares de la boxe poids lourds, objectivement, certains grands combats de ces années là n'étaient pas beaucoup moins violents.


Et puis franchement je mentirais si je disais que ce côté spectaculaire n'était pas très excitant. Avec le puissant thème « Conquest », une musique qu'on imagine bien en fond d'un combat de gladiateur, et le fait que cette fois on ait une myriade de figurants venus remplir le Spectrum de Philadelphie, on a tout pour être dans l'ambiance. Pour les détracteurs de la fin du combat qui paraît peu vraisemblable, notons que quelques années plus tard, un véritable championnat du monde (Lee Roy Murphy - Chisanda Mutti) s'est terminée de la même façon !


Les années 80 sont proches et la tendance Sly a vouloir faire toujours plus fort au détriment de l'intrigue vient de s'amorcer. Mais on n'y est pas encore, Rocky II connaît toujours le mot subtilité, il ne prend pas de raccourcis grossiers, seul le combat vient exploser à la face du spectateur. Son plus gros défaut sera donc de repasser les plats du premier au lieu d'essayer de faire quelque chose de vraiment neuf, mais il le fait avec un certain brio. Malgré ses petites imperfections je dois admettre que j'aime celui-ci au moins autant que le premier.

Créée

le 9 janv. 2016

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The Reg

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